*********** Vu au Festival du Film de Toronto 2022. ***********
Dès ses premières minutes, à même son histoire, Bros énonce une fâcheuse vérité : il n'existe pas de comédie romantique gaie. Mais, comme l'admet le protagoniste du film - un podcasteur désillusionné fervent défenseur des droits LGBTQ+ -, les relations intimes/amoureuses entre deux hommes ne se vivent pas de la même façon qu'entre un homme et une femme. Donc, le modèle typique de la comédie sentimentale peut difficilement se transposer du monde hétérosexuel au monde gai, et c'est justement sur cette dichotomie évidente que Nicholas Stoller a décidé de jouer.
Le scénariste et réalisateur reprend tous les codes et les clichés du genre et les adaptent pour convenir à la communauté homosexuelle. Par exemple, Tinder et Grindr ne sont pas utilisés de la même façon par les célibataires, la façon de communiquer est différente, et les résultantes aussi. Stoller ne se censure pas, ni dans la forme ni dans les propos. Son ton sarcastique, débridé, engendre de nombreux fous rires, qui sont aussi alimentés par ses nombreux référents à la culture populaire. À plusieurs reprises, le film ose se moquer de lui-même, notamment en relevant des lieux communs de la comédie romantique alors même qu'ils sont dépeints à l'écran. Mais, Bros n'est pas uniquement drôle, il est aussi touchant, tendre et sincère.
Il suit Bobby Leiber, un influenceur et militant de la communauté LGBTQ+, qui enchaîne les relations insignifiantes. Un jour, dans un bar, il fait la rencontre d'Aaron, un homme musclé et populaire qui le charme par son humour décalé. Comme Aaron ne veut pas d'attaches, les deux hommes se fréquentent sans se faire de promesses. Leur relation candide finit par peser sur Bobby, qui aimerait bien qu'Aaron lui soit fidèle. Les deux hommes ont bien du chemin à faire s'ils veulent s'aimer comme Meg Ryan et Tom Hanks dans You've Got Mail.
On l'a souvent dit et on le répète : la clé de la réussite d'une comédie romantique se trouve à 90 % dans la chimie entre les deux acteurs principaux. Ici, l'affinité entre Billy Eichner et Luke Macfarlane est brûlante. Les deux acteurs possèdent une complicité enviable. Ils sont accompagnés à l'écran par de nombreux comédiens brillants, tous membres (ou presque) de la communauté. Le personnage d'Aaron dirige un nouveau musée LGBTQ+ et son conseil d'administration est formé de différents membres de la communauté, dont un bisexuel, une transgenre et une lesbienne. Les clichés de chacun des groupes sont appuyés de façon à rendre cette brigade admirablement hétéroclite et hilarante. Jim Rash et Dot-Marie Jones sont particulièrement tordants.
Nicholas Stoller, qui nous avait précédemment donné les excellentes comédies Forgetting Sarah Marshall et Neighbors, frappe un coup de circuit avec Bros, qui assume complètement son identité de genre. Comme toutes bonnes comédies romantiques, on ressort de Bros avec le coeur léger et le sourire aux lèvres. Mission accomplie!