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Cartographie d'un adultère.
Les aléas de l’amour. L’autopsie du sentiment amoureux. Le marivaudage des êtres. Les tirades sur le sens de la vie. Une histoire d’amour et d’adultère. Des échanges verbaux perpétuels. Faits de dialogues très écrits. Tout cela dans un Paris contemporain souvent très axé petite bourgeoisie à tendance artistique. Pas de doute, on est bien chez Emmanuel Mouret, l’un des auteurs français actuels les plus prolifiques et reconnus. Mais également, celui à la tête de l’une des jeunes filmographies les plus cohérentes et homogènes qui soit. Il ferait presque penser, dans sa ténacité et sa manière de traiter le même genre de sujets sur un mode similaire mais avec des notes différentes, à un certain Woody Allen. Problème, un peu comme le cinéaste à lunettes, son cinéma finit par tourner en rond. On aimerait qu’il passe à autre chose ou tout du moins s’essaye à autre chose.
Et si « Chronique d’une liaison passagère » fait partie du haut du panier de ses œuvres, c’est peut-être aussi son œuvre la plus juste dans sa manière d’appréhender les raisons du cœur et celles de l’esprit sur le plan amoureux. Ici c’est de la cartographie d’un adultère et non d’une véritable relation amoureuse dont il s’agit. Et on ne peut nier bien sûr que ce sujet sera traité dans toute son étendue, d’un point de vue féminin et masculin, avec l’ajout d’une troisième personne dans l’équation et d’un point de vue de célibataire mais aussi en couple... Bref, Mouret connaît bien son sujet, fait le tour de la question et semble avoir encore beaucoup à en dire. C’est plein de vérités et de bon sens mais malheureusement, aussi réussi et juste que soit son dernier long-métrage, on ne peut s'empêcher de trouver que le cinéaste radote. Il ne surprend plus, reste sur ses acquis et finirait presque par nous lasser et nous désintéresser si la qualité de l’ensemble n’était pas si évidente au niveau de la finesse d’écriture. D’ailleurs les répliques semblent moins écrites qu’à l’accoutumée, ce qui les rend plus naturelles et moins théâtrales et c’est tant mieux.
Heureusement, il nous gratifie d’une mise en scène un peu moins académique, classique, et sur plusieurs points formels on peut dire qu’il améliore son cinéma de film en film. Les plans sont plus travaillés et il a écrit son scénario de manière à tourner dans beaucoup d’endroits divers et variés. C’est un bon point. Ensuite, il s’est entouré d’un duo de comédiens parfaits pour le rôle. Quelle bonne idée d’associer Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne dans une parade amoureuse. Problème : s’ils sont impeccables, ils nous proposent des prestations qu’ils connaissent par cœur. Donc comme pour Mouret, il n’y a aucune surprise non plus de ce côté-là rendant tout cela très prévisible. Surtout Kiberlain qui se plait dans ce type de rôles depuis une dizaine d’années (et qu’elle retrouvera dans « Le Parfum vert » bientôt). Macaigne est lui plus dans une variation de son sempiternel rôle de gentil garçon timide et maladroit, alors qu’on a vu avec « Médecin de nuit » qu’il pouvait exceller dans un tout autre registre. Bref, avec « Chronique d’une liaison passagère » on sait ce qu’on va trouver et voir, sans bonne ou mauvaise surprise. C’est peut-être cela aussi qui est dommage!
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