Un peu comme l'univers des jeux vidéo, les adaptations cinématographiques d'émissions de télévision donnent rarement des résultats satisfaisants. S'il y a toujours des exceptions comme The Untouchables et The Fugitive, la grande majorité se solde par des échecs, que ce soit Sex and the City, Veronica Mars, Votez Bougon et maintenant CHiPs.
Cette série américaine qui a duré six saisons de 1977 à 1983 n'a jamais été un grand crû. Il s'agit plutôt d'un divertissement kitsch, un plaisir coupable qui est devenu culte au fil des ans. Un mélange de drames légers, d'action et d'humour qui mettait instantanément de bonne humeur. Rien qui méritait d'être ressuscité, si ce n'est un manque d'inspiration de certaines personnes qui cherchent à tout prix à tirer profit des reliques du passé.
Or, le CHiPs du 21e siècle est un objet qui a peu à voir avec son modèle. Le long métrage se risque à la parodie sans jamais y rouler à pleins gaz comme dans le délicieux 21 Jump Street et sa suite. En ne traitant rien avec sérieux tout en se retenant de délirer, la production finit par se dégonfler avant la fin. Et ce n'est pas en rajoutant une quantité incroyable de gros mots et de la violence parfois très graphique qu'on refera un second Deadpool.
À l'instar de la mésestimée transposition de The Avengers (alias Chapeau melon bottes de cuir), tout est question de sexe. Le symbole est profond et les allusions dégoulinent de partout. Cela ne donne cependant pas l'effet escompté. Le malaise finit par triompher des rires et les sous-entendus homophobes abondent. Eh oui, cela va encore plus loin que la consternante bande-annonce et ça, c'est loin d'être drôle.
Malgré tout, des gags saugrenus amusent ici et là. L'inégalité des situations vient toutefois plomber un rythme au demeurant dynamique qui s'avère de plus en plus défaillant. Déjà un scénariste douteux qui cumule clichés et développements convenus, Dax Shepard est également un réalisateur sans personnalité, qui offre un autre produit anonyme de la trempe de son précédent Hit & Run. C'est pourtant au sein de la mise en scène qu'une émission de télévision transcende son médium lors de son passage au grand écran. On se rappelle de Mission: Impossible pour le travail de Brian De Palma et de Miami Vice pour celui de Michael Mann, alors qu'on a totalement oublié The A-Team, Wild Wild West et les deux X-Files qui ne sortaient guère de l'ordinaire.
Le seul réel talent de Dax Shepard est devant la caméra. Il ne l'a peut-être jamais prouvé au cinéma, mais certainement dans la série Parenthood. En policier qui ne fait que parler de ses problèmes de couple, l'acteur ne manque pas de faire sourire. Il forme d'ailleurs un duo assez cocasse avec Michael Pena. Ce dernier délaisse ses rôles dramatiques pour embrasser la comédie et il vole la vedette à ses camarades en agent infiltré obsédé par le sexe.
Moins trépidant que The Man from U.N.C.L.E. et le premier Charlie's Angel, mais pas aussi raté que Lost in Space et The Saint, CHiPs demeure un effort bien quelconque et rudimentaire qui aurait dû rester dans les souvenirs des gens. En le faisant revivre bien différemment, on ne risque que de saboter sa mémoire à jamais. La barre étant si basse, l'adaptation de Baywatch qui arrive dans les prochains mois ne pourra qu'être supérieure...