Les Américains ont cette fixation - justifiée - envers les oeuvres du dramaturge Nicolas Spark. Bien que Les pages de notre amour était éloquent et bouleversant, Une promenade inoubliable versait davantage vers le mélodrame larmoyant. Cher John se situe quant à lui entre les deux, entre l'efficacité et les vaines lamentations, entre les faux sentiments et l'ébranlable passion.
John Tyree, un militaire de l'armée américaine, rencontre Savannah Curtis, une étudiante philanthrope, lors de l'un de ses congés en Californie. C'est immédiatement le coup de foudre. Ils passent deux semaines ensemble avant que John ne doive repartir pour la guerre. Pour ne pas que s'effondre leur idylle naissante, les jeunes amoureux décident de s'écrire des lettres régulièrement pour se raconter leur quotidien. Les évènements tragiques du 11 septembre 2001 forcent John à poursuivre sa mission à l'étranger et ébranlent radicalement le fondement du couple.
La tragédie détrône rapidement l'amour de sont piédestal, quand les personnages ne sont pas confrontés à la maladie, à la mort, ils souffrent de problèmes financiers ou doivent gérer d'importants dilemmes moraux. Enseveli sous cet amoncellement chaotique - souvent inconséquent - de drames, le spectateur tente d'assimiler les divers évènements tout en se hasardant à une structure narrative, somme toute simple, mais souvent entravée par des séquences superflues. De nombreux personnages secondaires n'ont également pas de raison d'être dans le récit ; la mère de l'une, le colonel de l'autre et le camarade de classe aux allures suspicieuses ne font qu'alourdir l'histoire déjà laborieuse.
Le sujet principal - d'actualité -, soit l'effet de l'éloignement sur un jeune couple, est intéressant et développé avec une certaine audace. Il aurait été facile de tomber dans le piège de l'écrit, de la lourde narration (puisque les personnages communiquent souvent par lettres), mais beaucoup des informations sont transmises dans l'image, dans les dialogues, ce qui rend l'expérience cinématographique plus vivante, méritante même. Les scènes de guerre, que l'on aurait pu croire superflues dans un tel film, révèlent tout de même une certaine authenticité, non négligeable - bien que l'on est loin de la qualité visuelle et du réalisme de Le démineur.
Malgré la juste performance d'Amanda Seyfried, son personnage, une jeune femme conservatrice et altruiste (à l'excès), est malheureusement plutôt invraisemblable : ses émotions basculent sans cesse et ses décisions frôlent parfois l'ironie. Alors que le jeu de Channing Tatum est davantage forcé que convaincant, celui de Richard Jenkins, qui incarne son père, est honnête, même bouleversant à certains moments.
L'un des problèmes majeurs de ce long métrage, difficultés que l'on retrouve souvent dans les adaptations de romans, est l'armature, l'inadéquate hiérarchie des éléments de l'intrigue. Ne sachant trop quoi retirer du livre pour rogner l'histoire sans en perdre son essence, on fait défiler prestement des drames décousus avec comme excuse la recherche de l'homologie. Entendons-nous, même si John n'avait pas un père autistique obsessionnel, un passé trouble et un caractère tempétueux et si Savannah n'était pas une petite fille (trop) parfaite, à la rescousse de la veuve et de l'orphelin, solitaire et impassible, on aurait compris quand même et ça nous aurait peut-être évité certains maux de tête et plusieurs clichés.
L'un des problèmes majeurs de ce long métrage, difficultés que l'on retrouve souvent dans les adaptations de romans, est l'armature, l'inadéquate hiérarchie des éléments de l'intrigue. Ne sachant trop quoi retirer du livre pour rogner l'histoire sans en perdre son essence, on fait défiler prestement des drames décousus avec comme excuse la recherche de l'homologie.