Transposé directement du théâtre, l'adaptation de la pièce de François Létourneau a autant de profondeur qu'un transfert des planches à l'écran peut lui permettre. C'est-à-dire que, malgré l'effort, certains personnages en manquent, alors que certaines parties du récit manquent tout simplement d'intérêt.
Patrice Robitaille est cool. Depuis ses rôles successifs dans Québec-Montréal et Horloge biologique, il incarne l'essence du cool. D'autant qu'il semble que ce soit très à la mode de sacrer à chaque phrase, de basher sauvagement sur le cinéma d'auteur, de prendre un ton populiste pour critiquer la critique. Espérons aussi que c'est cool d'utiliser deux mots anglais dans le même paragraphe.
Le film lui-même n'a pas que des défauts, même si les personnages ont une minceur à rendre jaloux les fervents de la méthode Montignac, même si la finale est d'une pâleur à faire frissonner les amateurs de salons de bronzage, et même s'il n'y a rien pour séduire les amateurs d'Abbas Kiarostami. Pourtant, n'en déplaise à Patrice Robitaille et à Patrice Sauvé, leur film a bien plus de points de comparaison avec Le goût de la cerise qu'avec le plus récent Cheech et Chong, que ce soit dans le thème abordé ou dans les longueurs, et ce même si Cheech n'a pas le même flair dans sa réalisation ou la même poésie. Que le premier, bien sûr.
D'abord parce qu'on ne comprend pas tout ce qui se trame dans cette « fable pour adultes ». Vrai, on raconte cette histoire comme dans un conte, situé dans une ville difficile à identifier, l'histoire de trentenaires malheureux aux prises avec leurs problèmes, et avec leur manière de les régler. Des personnages dont on ignore tout, dont on ne saura rien, et qui ont un intérêt inégal. L'obscure histoire de Stéphanie manque rapidement de vigueur, malgré l'énergie du talentueux Maxime Denommée, qui y va d'une performance rafraîchissante. Certainement une belle révélation qui continue d'impressionner, depuis ses débuts dans Idole instantanée.
D'ailleurs, la presque totalité de la distribution de la pièce originale est de retour, il n'y a qu'Anick Lemay qui remplace Kathleen Fortin dans le rôle de Jenny. Patrice Robitaille offre un personnage intéressant, mais très près de tout ce qu'il a déjà fait. Même chose pour François Létourneau, qui assure la partie divertissante du récit.
La réalisation de Patrice Sauvé, qui a marqué la télévision québécois avec ses séries La vie, la vie et Grande Ourse, demeure adéquate mais ne démontre pas encore de flair d'exception, et encore mois incomparable, d'autant qu'on aurait gagné à faire quelques coupures pour raccourcir Cheech.
On notera tout de même en conclusion la beauté de la seconde scène à la pharmacie, amusante et désolante à la fois, mais juste, contrairement à l'ambiance générale du film qui ne sait pas trouver le bon ton pour jouer sur les deux émotions.
Cheech s'adresse surtout aux jeunes; avec sa désillusion contagieuse, son cynisme et ses personnages désemparés. Peu accessible, le film est intéressant, pique certainement la curiosité, mais déçoit un peu. Et, comme tous les jeunes le diront, on ne peut pas décrire le cool, seulement le reconnaître.
Transposé directement du théâtre, l'adaptation de la pièce de François Létourneau a autant de profondeur qu'un transfert des planches à l'écran peut lui permettre. C'est-à-dire que, malgré l'effort, certains personnages en manquent, alors que certaines parties du récit manquent tout simplement d'intérêt.
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