Charlie Bartlett, un ado comme les autres? Pas exactement. Charlie Bartlett, un film comme les autres? Oh oui! et de mauvaise foi, en plus. Le premier long métrage du Canadien Jon Poll, ancien monteur spécialisé dans l'humour et recyclé en réalisateur, est souvent agaçant et rarement inspiré. Les jeunes sont dépeints comme des clichés ambulants, du bum repenti au rejet suicidaire, et le talent des jeunes acteurs est littéralement gaspillé pas des revirements douteux et une histoire dramatique en filigrane qui triche, qui sort tout simplement de sa logique pour faire rire, et qui en paye le prix.
Le jeune Charlie Bartlett vient d'être expulsé d'une autre école privée. Nouvellement inscrit à l'école publique, Charlie a de la difficulté à s'intégrer, mais trouve un moyen assez inusité de se faire des amis : il devient le psychologue en pension de l'établissement tout en débutant une liaison avec la fille du directeur, un alcoolique qui a de la difficulté à se faire respecter.
Si, d'un côté, le film choisit le chemin facile de la comédie légère, se permettant même de rire au passage d'un handicapé intellectuel, des revirements forcés abordent tout aussi légèrement des thèmes plus sérieux comme le suicide, l'alcoolisme ou l'absence du père. Mais on est à ce moment-là tellement profondément dans la comédie que ni le réalisateur ni le scénario n'ont voulu aborder sérieusement ces sujets et ont plutôt opté pour la facilité, en devenant simplement cabotins.
Cette soi-disant « école publique » dans laquelle évoluent les personnages de Charlie Bartlett est d'une simplicité déconcertante, le théâtre parfait pour une comédie bonasse, qui voudrait plaire à tout le monde et tout aborder. Le rythme du film est aussi grandement affecté par les histoires secondaires de jeunes qui n'ont rien à ajouter du tout. Le film vend son âme au diable pour un gag ou deux, qui sont de toute façon rapidement oubliés.
Le jeune Anton Yelchin, dans le rôle-titre, offre une prestation énergique qui n'est pas sans rappeler... tous les autres adolescents-vedettes des films pour adolescents des dernières années. Mais l'adolescence, c'est pas long, et la fraîcheur, c'est rare, et il devrait rapidement s`attaquer à des rôles plus sérieux. Pas nécessairement moins drôles - on peut prendre la comédie au sérieux - mais dans des films mieux adaptés à un talent particulier qui mise sur le jeu physique. Ses co-vedettes, interchangeables, n'aident ni ne nuisent au film.
Le passé de monteur du réalisateur Jon Poll vient le hanter à plusieurs reprises au début du film dans d'agressantes séquences où le montage, tel un effet stylistique, est sur-utilisé dans une intention comique, mais vainement. L'humour de gosse de riche de Charlie Bartlett est décalé et rarement juste. Qui croira en cet adolescent musclé comme une statue grecque, désinvolte, drôle, à l'aise avec les filles, pianiste et riche?
Quand le film se termine, il n'en reste qu'une impression d'étrangeté causée par les nombreux changements de tons ratés de Charlie Bartlett, qui rendent même Robert Downey Jr., l'acteur-caméléon par excellence, incongru et ridicule dans un rôle qu'il connaît pourtant bien. Un film qui a davantage de la série-télé que du cinéma dans la profonde incompréhension qu'a son auteur du montage et de l'humour. Sympathique en trois ou quatre épisodes de trente minutes, mais au cinéma...
Charlie Bartlett, un ado comme les autres? Pas exactement. Charlie Bartlett, un film comme les autres? Oh oui! et de mauvaise foi, en plus. Le premier long métrage du Canadien Jon Poll, ancien monteur spécialisé dans l'humour et recyclé en réalisateur, est souvent agaçant et rarement inspiré. Les jeunes sont dépeints comme des clichés ambulants, du bum repenti au rejet suicidaire, et le talent des jeunes acteurs est littéralement gaspillé pas des revirements douteux et une histoire dramatique en filigrane qui triche, qui sort tout simplement de sa logique pour faire rire, et qui en paye le prix.