Pour son premier film en solo, Bobby Farrelly propose Champions, une comédie sportive prévisible parsemée de blagues insipides et de morales appuyées.
À une autre époque, Bobby Farrelly et son frère Peter réalisaient des farces transgressives et souvent hilarantes comme There's Something About Mary. Au fil des années et des projets, leur créativité s'est fanée et ils n'ont rien offert depuis le médiocre Dumb and Dumber To en 2014. Pendant que Peter changeait radicalement de registre avec l'oscarisé Green Book, son frangin est resté dans ses vieilles pantoufles confortables avec ce plus récent projet.
Champions aurait facilement pu voir le jour il y a 20 ou 30 ans tant l'ensemble paraît vieillot et formaté. Il est question de sport (comme dans le mignon Fever Pitch) et de tolérance envers des personnes qui sortent des standards établis par la société (bonjour Shallow Hal). Tout cela par l'entremise d'un entraîneur de basketball qui enseigne les rudiments de son métier à une jeune équipe de joueurs ayant une déficience intellectuelle.
Ce remake du populaire long métrage espagnol Campeones ne brille pas par son originalité. C'est les Mighty Ducks avec un ballon et une autre clientèle, où les épreuves se réussissent presque instantanément à force d'un peu de travail. Tout, du développement des personnages à la progression de l'intrigue et à l'élaboration des situations sentent le déjà-vu. Les gags douteux et puérils de nature sexuelle et scatologique laissent de glace. Puis il y a cette mise en scène fonctionnelle et sans grand intérêt, où d'incessantes chansons à messages martèlent le spectateur pendant deux heures.
Ce n'est pourtant pas suffisant pour brimer Woody Harrelson, très à l'aise dans le rôle principal. L'acteur est crédible avec le basketball (normal, il y jouait déjà à l'époque de White Men Can't Jump) et il connaît le style humoristique en place (n'était-il pas la vedette de Kingpin, possiblement la meilleure création des frères Farrelly?). Le voir renouer avec la comédie après sa réjouissante participation au jubilatoire Triangle of Sadness fait également plaisir. Son personnage, plus complexe qu'il n'y paraît, débute dans la caricature avant de s'humaniser et de devenir attachant.
Il est bien entouré, autant de comédiens professionnels que de débutants. Les vraies gueules de cinéma telles Ernie Hudson, Cheech Marin et Mike Smith se succèdent au tournant. C'est sans compter sur la présence délicieuse de Kaitlin Olson qui fait beaucoup avec un rôle peu élaboré, amenant une gravité mélancolique au récit.
Cela ne fait pas nécessairement de Champions un meilleur film. Mais une oeuvre plus supportable et presque agréable à regarder. En vieillissant, le style Farrelly semble s'être ramolli. S'il manque maintenant d'attrait et de pertinence, il est presque compensé par l'ensemble de sa distribution qui distille une tendresse certaine. C'est déjà mieux que rien.