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Chair fraîche.
Voici une excellente surprise que cette petite série B à mi-chemin entre thriller et horreur qui nous vient du grand nord norvégien. Et c’est un premier film de surcroît. Alors il faut préciser tout de même en amont que c’est le genre de film très particulier qui ne plaira pas à tout le monde, de par ce qu’il raconte jusqu’à son imagerie baroque et singulière. Mais le postulat de départ est alléchant et bien tenu. On y voit brièvement un monde post-apocalyptique ravagé par une guerre nucléaire où des survivants vont trouver refuge le temps d’une nuit dans un hôtel de luxe. Hôtel et personnel qui proposent un spectacle d’un genre inédit en plus d’un repas offert à ses participants. On suit donc une famille qui va y passer une nuit très compliquée… Le plus gros reproche qu’on pourra faire à « Kadaver » est qu’il n’approfondit pas les nombreuses pistes et possibilités qui s’offrent à lui avec un tel pitch alléchant, intrigant et mystérieux.
En effet, avouons que la psychologie des personnages est sommaire et classique et que les acteurs font le strict minimum (ou n’ont pas le temps de dévoiler plus de leur talent). Et il reste en effet pas mal de zones d’ombres ou de pistes inabouties qui donnent envie d’en savoir plus (du pourquoi de cette ère apocalyptique aux motivations profondes des gens de cet hôtel) mais la durée du film (une heure et vingt minutes montre en main) ne permet pas d’aller plus en avant. C’est frustrant mais « Kadaver » passe à une vitesse folle et puis on se dit qu’une suite ne serait pas de refus pour explorer toutes ces pistes narratives en jachère. En revanche, cette série B à la fois chic et gore sait être à la fois innovante mais aussi digérer de multiples influences de tous bords pour un résultat haut en couleurs et en effets. De « Hostel » pour le côté gore, « Eyes Wide Shut » pour les masques ou « Shinning » pour le lieu en passant par « The Game » ou « The Truman Show » pour l’aspect d’un jeu plus grand que l’homme, il y a des références - volontaires ou pas - à tous les étages. C’est ludique et il y a aussi un sous-genre de l’horreur fortement représenté et inattendu qu’on ne dévoilera pas sous peine de gâcher la surprise.
Mais la plus grande réussite du long-métrage est avant tout formelle. Le film est beau à se damner et son atmosphère l’est tout autant. Dès lors que l’on rentre dans cet hôtel, les plans sont majestueux de beauté alternant le côté chic et le côté gothique pour un mélange baroque du plus bel effet. On aime à se perdre avec les personnages dans cette immense bâtisse et ses couloirs infinis. Le réalisateur fait un énorme travail sur l’espace et les couleurs et nous immerge complètement de plans somptueux et envoûtants. Le travail sur la bande sonore est également divin et malaisant et ce jeu étrange nous inquiète, nous fascine et nous bouscule quand bien même on comprend assez vite le fin mot de l’histoire. Quant à l’ambiance elle est étouffante et étrange au possible, à la limite du poisseux lorsqu’on est dans les tunnels, accentuée par une photographie feutrée mais angoissante. Et la conclusion, plutôt amorale, efface un happy-end que l’on aura trouvé à priori trop classique. En bref, une excellente surprise que ce film hybride plein de surprises.
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