Quand on a appris pour la première fois en 2010 que la compagnie de production Original Film s'apprêtait à adapter la série de livres de R.L. Stine au grand écran, nous avons sourcillé, sachant les horreurs dont est capable Hollywood quant il est question de reprendre des classiques d'une autre époque pour les mettre au goût du jour. Et quand, plus tard, il avait été annoncé que l'histoire réunirait tous les monstres de Stine et que l'auteur lui-même serait l'un des protagonistes du long métrage, nous étions encore moins convaincus que la résurrection de ces personnages qui ont engendré tant de cauchemars dans les chaumières était une bonne idée. Mais, ô surprise et miracle, nous avions tord. Goosebumps est beaucoup moins pire que ce qu'on s'était imaginé. On pourrait même affirmer qu'il s'agit d'un divertissement efficace et amusant.
Mise à part les effets spéciaux, qui dépassent largement ce dont était capable Hollywood il y a 20 ans, le style du film rappelle celui des années 1990, à une époque où le scénario de ces types d'oeuvres de fiction était construit selon un schéma spécifique et formel; situation initiale, élément déclencheur, péripéties, conclusion. La forme pédagogique aurait pu déranger, mais elle s'avère, au contraire, plutôt rassurante. On suit les héros dans leur quête avec un plaisir non dissimulé du début à la fin (même si les choses se gâchent légèrement en fin de parcours).
L'humour sarcastique de la production représente l'une de ses principales forces. On vient souvent interrompre les moments de tension par une moquerie. Et bien qu'on aurait pu ici craindre le cliché (parce que Goosebumps n'est pas le premier à tenter cette démarche), la plupart des blagues sont d'une efficience désarmante. Les personnages secondaires sont, pour la plupart, désopilants; les deux policiers abrutis et la tante excentrique sont, à eux seuls, à l'origine de plusieurs rires bien sentis.
Évidemment, Jack Black était le candidat parfait pour ce genre de comédie d'épouvante. Il interprète un R.L. Stine cabotin et attachant. Dylan Minnette est également plutôt convaincant dans ce rôle de « l'adolescent de service ». Comme dans beaucoup de Chair de poule, le héros est un jeune homme qui déménage dans une petite ville. L'univers des livres originaux a été brillamment respecté par le film de Rob Letterman. La plupart des monstres marquants de Stine s'y trouvent. Le pantin (qui m'a fait faire des cauchemars récurrents entre 10 et 15 ans), que l'on décrit (joliment) dans le film comme « une marionnette de ventriloque avec un énorme complexe de Napoléon », est au centre même de l'action. Le loup-garou des marécages, les nains de jardin malicieux, la mante religieuse géante et les plantes carnivores y sont aussi, prenant la petite ville de Madison au Delaware d'assaut.
Même si on lui ampute quand même au moins une demi-étoile pour sa finale longuette et ses envolées romantiques ridicules qui se prennent trop au sérieux, Goosebumps impressionne suffisamment pour qu'on encourage les familles à le choisir comme divertissement.