Ce que le jour doit à la nuit

Le recours à une grammaire vieille école rompt parfois le charme de cette production luxueuse, défendue par une belle galerie d'interprètes.

Il aurait toutefois fallu le faire avec un scénario plus serré et des personnages plus forts, notamment avec celui de Younès.

L'effort y est, mais le sujet, beaucoup trop vaste et complexe, demeure empêtré dans une histoire d'amour qui se veut grandiose et impossible, mais qui n'en a que les pleurs et les crises, plutôt que la profondeur souhaitée.

Traité avec un grand respect par le réalisateur, cette adaptation, quoi que parfois un peu trop mélodramatique, sait émouvoir en proposant une histoire d'amour, certes dure, mais bouleversante.

Toutes les cinq minutes, on a droit à une trahison amoureuse ou à une mort violente à coups de musique lacrymale, comme s'il fallait pleurer sans cesse durant deux heures quarante. A force, la fresque souffrirait presque d'hyperventilation.

Tout travaillé qu'il soit, tout alourdi d'art qu'il peut être, Ce que le jour doit à la nuit garde au coeur un souffle romantique volé à l'Hollywood des heures anciennes : naïf et flamboyant à son image, emportant furieusement tout ce que l'on consentira à lui laisser prendre - l'amour, le feu, la guerre...

Si le récit, adapté du roman de Yasmina Khadra, articule avec lourdeur l'intime et l'épique, la mise en scène d'Alexandre Arcady retrouve (enfin) ce souffle épique dont il est capable.