C'est Noël avant le temps alors que Disney propose une nouvelle version du classique Casse-Noisette.
Plus trépidant que le dernier Alice in Wonderland et nettement plus amusant que le récent Beauty and the Beast, The Nutcracker and the Four Realms capitalise sur une histoire que tout le monde connaît afin de l'amener ailleurs. Si l'on retrouve ce qui a fait le charme des visions d'Hoffmann et de Dumas, cette nouvelle création embrasse la modernité, tournant le dos aux aspects plus sombres de la fable pour mettre en valeur sa lumière, son espoir et son désir d'inclusion. Autre temps, autres moeurs, et les changements positifs sont loin d'être négligeables.
Il ne faut donc plus approcher cette aventure pour être happé par sa magie, sa poésie et son émotion. Au contraire, ce qui touche à l'humanité des personnages et au déchirement de la famille qui vit dans le deuil de maman ne semble plus être le coeur et l'âme du projet. Cette souffrance s'avère secondaire, alors que tout est amené pour que l'héroïne quitte le plus rapidement possible le monde réel vers celui plus fantaisiste. Cela devient donc un récit d'apprentissage classique et sans réelle prise de risques, ponctué de dialogues souvent mièvres et de poncifs répétitifs sur la nécessité de croire en soi.
L'intérêt réside ailleurs et il est, comme c'est souvent le cas à notre époque, d'un ordre purement technique. Le long métrage en met plein la vue avec la qualité de ses effets spéciaux, de ses combats titanesques et de ses images soignées. Conçu pour exploiter l'espace 3D tout en tenant la route en 2D, le film est surtout une occasion de multiplier l'action et les rebondissements. Ces derniers ont beau être téléguidés, cela n'empêchera pas un jeune public de n'y voir que du feu. Surtout qu'il y a une souris trop mignonne pour les attendrir! Les plus vieux ne seront pas aussi dupes, quoiqu'ils risquent de se laisser prendre par le ton désinvolte, l'humour léger et ces clowns qui n'inspirent pas toujours confiance.
Réalisé par Lasse Hallström (My Life as a Dog) puis bénéficiant des retouches du cinéaste Joe Johnston (Jumanji), l'effort revendique grandement ces deux paternités. La première, plus tendre et sensible, qui tombe régulièrement dans la guimauve (c'est tout de même l'homme derrière A Dog's Purpose). Avant que les propensions du second remportent la mise par sa fascination pour le spectaculaire, à faire constamment passer la forme avant le fond. Cela n'empêche pas le ballet de retrouver généralement la place qui lui revient (on en aurait voulu davantage!), tout comme la magnifique musique de Tchaïkovski, qui est cette fois soutenue par celle de James Newton Howard.
Les interprètes se plient à l'exercice du mieux qu'ils peuvent. Mackenzie Foy campe une Clara convaincante, faisant oublier sa piètre performance des deux derniers Twilight. À ses côtés brillent Keira Knightley dans un rare rôle à contre-emploi et Helen Mirren qui botte des culs avec délectation. Seul Morgan Freeman semble coincé dans un registre beaucoup plus limité et maintes fois vu chez lui.
Fallait-il s'attendre à autre chose de The Nutcracker and the Four Realms que d'un simple divertissement un brin formaté, sans doute plus adapté aux enfants qu'aux parents? C'est sûr et certain qu'il y avait matière à quelque chose de plus mémorable, de plus révolutionnaire. L'ensemble est toutefois plus agréable que les dernières adaptations cinématographiques de ce conte mythique, dont l'infâme The Nutcracker in 3D du pourtant brillant metteur en scène Andrey Konchalovsky. Il s'agit donc d'une sortie convenable à faire en famille, bien qu'elle demeure un peu trop oubliable.