Après avoir visionné la bande-annonce du film Happytime Murders (voyez-la ici), on ne pouvait qu'être sous le choc de son extrême vulgarité. C'est à la fois drôle, gênant, déplacé et irrévérencieux que de placer ce genre de personnages emblématique d'une enfance naïve dans des situations aussi libertines. Bien que d'autres aient fait le même exercice par le passé - dont Peter Jackson avec son Meet The Feebles en 1989 - rien n'empêche qu'on soit décontenancé par tant d'obscénités. Il faut dire, par contre, que la bande-annonce est plus provocante que le film en soi, comme ses scènes explicites sont réparties dans 1 heure 30 plutôt que dans un 3 minutes bien serré.
« Ma belle, t'as envie d'une plotte en coton? »
L'histoire de ce nouveau film met en scène le détective privé marionnette Phil Philips et l'enquêteuse Connie Edwards. Ensemble, ils s'efforceront de mettre la main sur un meurtrier qui élimine un par un toutes les anciennes vedettes de l'émission pour enfants des années 80 The Happytime Show (une caricature de The Muppet Show). Malgré tous ces apartés choquants (dont un film porno mettant en scène une vache qui éjacule avec ses pis ou un chien dalmatien qui flagelle un pompier), l'histoire tient la route. L'enquête (qui sera résolue, mentionnons-le, grâce à la couleur de certains poils pubiens) parvient même à nous intriguer par moments. Malheureusement, l'attrait principal du film reste sa grossièreté, mais celle-ci n'est pas suffisante pour maintenir notre intérêt jusqu'à la fin.
« Quand tu parles, ta bouche a l'air d'un gros vagin. »
Nous ne sommes pas surpris de voir Melissa McCarthy figurer au générique de ce genre de films triviaux, mais on espère qu'elle saura bientôt se départir de cette image de « nigaud » pour s'offrir des rôles plus étoffés. On garde espoir grâce à Can You Ever Forgive Me? où elle interprètera l'auteure déchue Lee Israel. The Happytime Murders dénonce, en sous-texte, le racisme et le machisme. Les marionnettes sont traitées comme des moins que rien dans une société dominée par les humains et le personnage de McCarthy arrive à faire valoir à quelques reprises le pouvoir des femmes dans un milieu masculin.
« Je n'avais jamais mis un homme chaos avec ses propres boules avant. »
Comme le réalisateur du film est le fils du créateur des Muppets, on se demande s'il n'y aurait pas un complexe d'Oedipe pas réglé dans toute cette affaire... Le fils qui blasphème la création du père en transformant ses personnages juvéniles en prostitués toxicomanes a quelque chose de malsain. Comme Jim Henson est décédé il y a près de 20 ans, il n'aura pas pu donner sa bénédiction à ce projet saugrenu...
La traduction française québécoise s'est efforcée de conserver les jurons anglophones. Les personnages utilisent donc le « F word » de façon abusive. Toutes les variations imaginables sont employés à outrance. Il faut dire que ce film traduit en France aurait été un cauchemar pour les Québécois!
On aurait espéré que The Happytime Murders engendre la même surprise que sa bande-annonce. Malheureusement, le film est bien plus édulcoré que ce qu'il annonçait. Peut-être est-ce là une bonne chose parce qu'une marionnette qui éjacule des serpentins en aérosol, c'était déjà un peu trop pour nous...