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Un bon film pour les amateurs du peintre...en particulier
Pour pleinement apprécier ce film...être un amateur des œuvres du peintre aide beaucoup ...car on comprend mieux ce qui anime, motive l'artiste...et pourquoi ses toiles nous semblent si bonne et réaliste maintenant ...mais à l'époque...l'Église "catholique" avait peur du protestantisme car cette banche de la chrétienté se voulait plus près de la réalité quotidienne de la populace que du monde imaginaire de l'au-delà.
Connaître les œuvres du peintre aident dans beaucoup de scènes du film car dans celui-ci l'on s'est amusé à nous démontrer d'où les visages et posés de ses toiles provenant...ce qui à l'époque causait énormément de problèmes car comment une ville personne pouvait servir de représentation terrestre à un/une sainte, un ange?
L'Art contre la Religion.
L’italien Michele Placido, surtout connu en tant que réalisateur pour le succès « Romanzo Criminale » il y a déjà vingt ans maintenant, organise une faste production entre l’Italie et la France pour faire le portrait de l’un des plus célèbres et controversés peintres de son pays : le Caravage de son vrai nom Michelangelo Meresi. Un homme qui s’était attiré les foudres de l’Église pour ses représentations de scènes religieuses avec comme modèle des pauvres, des filles de joie ou encore des bandits. Un homme dont la vie dissolue lui a amené aussi bien le soutien d’une certaine noblesse que la haine de pontes du Vatican et la jalousie de ses pairs.
Un parcours passionnant et qui méritait clairement une œuvre dédiée. Placido choisit de dépeindre ce personnage par le biais d’une enquête menée par un inquisiteur nommée par le Pape appelé l’Ombre; on fera donc la connaissance de l’artiste par le biais de rencontres de l’Ombre avec ses proches. Et ce « Caravage » d’adopter une structure éclatée en flashbacks plutôt en adéquation avec la proposition et permettant de cerner les différentes facettes du peintre. Paradoxalement, si le film montre bien les mœurs de l’époque et les enjeux en présence ainsi que le débat de la représentation de la religion par l’art, le personnage a finalement un peu de mal à s’incarner pleinement et reste (volontairement?) un mystère une fois la projection terminée.
La reconstitution de l’Italie post-Renaissance, qui a été une période faste pour l’art dans le pays, est opulente et admirable. Placido développe une mise en scène crépusculaire qui embrasse les mêmes couleurs chaudes et sombres que celles des tableaux du peintre. La caméra nous entraîne des bas-fonds interlopes de Naples et Rome aux demeures fastes de la noblesse et du clergé avec volupté et l’immersion est évidente. La décadence d’une partie de la population qui se heurte à la rigidité de la religion à cette époque est montrée sans filtre et interpelle. Le montage qui alterne les temporalités dynamise le récit même si le procédé est parfois répétitif et les conclusions de l’enquêteur similaires. Pas que le film soit trop long, mais le tableau qui ressort des interrogatoires de l’Inquisiteur est souvent le même. Un récit éclaté et foisonnant qui évite la monotonie mais peut parfois paraître confus avec le nombre de noms cités et un contexte historique passionnant mais complexe.
Les acteurs n’ont pas forcément la place pour toujours s’exprimer et on a du mal à comprendre pourquoi Isabelle Huppert se double elle-même en italien, cela aboutit à un rendu très étrange. Mais Riccardo Scamarrcio, fidèle du cinéaste, est à sa place dans le rôle de cet artiste rock star avant l’heure qui défie les coutumes et la bienséance par l’art. Le débat sur ce dernier en général et plus précisément sur la manière de peindre et les diktats inhérents à l’époque pousse à la réflexion. L’éternel dilemme de savoir si on va au bout de sa vision au risque de subir l’opprobre des gardiens des mœurs du XVIIème siècle (surtout le Vatican ici) est bien rendu. On passe donc un bon moment devant ce biopic d’époque visuellement soigné et appliqué dont le souffle épique parvient à nous étreindre la plupart du temps. Et même si quelques scories empêchent le film d’être pleinement satisfaisant et qu’il semble lui manquer un petit quelque chose pour être totalement abouti.
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