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Et ça capote pour Capone...
“Capone” est le genre de proposition cinématographique qui pourrait faire cas d’école tant on reste pantois devant cette œuvre particulière et, n’ayons pas peur des mots, ratée dans les grandes lignes. Pourtant le personnage mythique d’Al Capone. De surcroît incarné par Tom Hardy et avec le prometteur – à l’époque - Josh Trank (« Chronicle ») aux commandes, cela n’augurait que du bon de prime abord. Et c’est tout le contraire qui se produit avec ce film pénible, plat et qui se pare de ridicule plus d’une fois alors qu’on est prêt à parier que l’humour (même noir) ou le second degré n’étaient pas la volonté première de l’équipe. On retiendra tout de même une direction artistique de qualité et quelques scènes mémorables dans le bon sens mais c’est bien peu devant ce ratage dont on va expliquer les raisons.
D’abord la prestation de Tom Hardy, difficilement qualifiable. L’acteur a semble-t-il voulu se servir de la méthode des plus grands, celle de l’Actor’s Studio, pour se mettre dans la peau du plus grand gangster de tous les temps. Il devait visiblement viser un Oscar avec cette transformation extrême en un Fonz vieillissant et malade. On ne peut nier qu’il donne tout pour le rôle et qu’il n’a eu peur de rien. Incontinences, pets, filets de bave, regard hébété et grimaces incessantes jusqu’à un final en slip et peignoir où il ne ressemble plus à rien, cette prestation contredit clairement l’adage selon lequel il vaut mieux trop que pas assez. On ressent l’implication certes; et son jeu est impressionnant. Pourtant le grimage est trop intense, la composition est trop marquée et la direction d’acteur de Trank a dû être phagocytée par l’implication de son comédien principal en totale roue libre. Hardy fait peur dans tous les sens du terme et se vautre parfois dans le ridicule. Cette façon de jouer est poussée à son paroxysme et ne touche finalement pas du tout. Charlize Theron, pour « Monster » par exemple, était à la limite et s’en tirait avec les louanges. Là on hésite entre rire gêné et consternation parfois. Et il ne fait pas de doute que Tom Hardy ne laisse aucune place à ses partenaires de jeu.
L’autre souci de ce film, et non des moindres, est tout simplement son scénario et l’angle par lequel Trank a choisi de croquer ce personnage connu de tous. Le fait de choisir la dernière année de sa vie n’était pas la meilleure des idées puisque, malade et presque fou, Capone reste enfermé dans son immense villa, ruiné avec sa famille proche. Comme il ne se passe rien, tout « Capone » est focalisé sur les errements du personnage principal dans sa déchéance ou ses hallucinations sur le passé. Pas vraiment un film psychologique non plus (ou alors à côté de la plaque, tant on ne cerne pas plus l’homme0, cela ressemble à une œuvre sur la fin de vie. Et finalement toutes ces rêveries et cauchemars n’aboutissent pas à grand-chose de concret ou qui permette de voir cet homme sous un autre jour. Il y a même des séquences absconses et des pistes narratives laissés en suspens qui nous perdent encore plus. Bref, on reste quelque peu pantois devant un tel naufrage et surtout on s’ennuie. Un film consternant par sa faculté à se tirer constamment une balle dans le pied et un spécimen rare dans son genre.
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