Le premier long métrage de Drew Barrymore s'avère être, en général, une réussite. Oui, l'aspect « girl power », redondant et assez peu subtil, peut finir par ennuyer un peu, mais en général, Ça roule est fort bien fait (à l'exception de cet affreux titre en français). Ellen Page est une comédienne compétente (qui a déjà été plus stimulée, il faut le dire) et Barrymore s'acquitte bien de sa tâche. Bien sûr, on voit rapidement les aboutissants de cette histoire inspirante très, très conventionnelle - malgré ce qu'elle voudrait bien croire - mais on s'amuse aussi.
Dans une petite ville reculée du Texas, Bliss Cavendar participe à des concours de beauté pour faire plaisir à sa mère. La jeune fille trouve beaucoup plus de plaisir à participer à une ligue de roller derby entièrement féminine. Devenue rapidement l'étoile montante de son équipe, elle cache à ses parents ce succès inattendu. S'ils venaient à l'apprendre... Elle fait même la rencontre d'un garçon, chanteur dans un groupe indépendant qui est sur le point de partir en tournée.
L'aspect revendicateur, féministe même, du long métrage ne devrait surprendre personne. Barrymore en fait presque la seule justification de l'existence de son film, qui ne se démarque pas autrement des autres histoires de l'underdog sportif, de ce petit nouveau qui s'avère être « la recrue de l'année ». Cependant, l'aspect immédiat de la problématique (pas question d'en faire une carrière) force les personnages autant que les spectateurs à saisir le moment présent, dans une bataille de nourriture ou dans une finale de championnat. Le tout est filmé avec compétence mais peu d'inventivité.
C'est lorsqu'on l'envisage comme un film pour adolescents que le film prend tout son sens. Oui, le happy end, certes, la petite leçon. Mais le respect avec lequel le film traite son hypothétique jeune public est exemplaire. Pas d'aberrations, pas de révolte ou de flagornerie juvénile, seulement une petite histoire consciente de ses limites et bien construite. Elle s'avère même être assez inspirante par moments, jamais méprisante envers qui que ce soit. Son seul intérêt : ce qui rend heureux, ici et maintenant.
Si Ellen Page s'avère assez convaincante, ce sont les comédiennes secondaires, en particulier Marcia Gay Harden et Kristen Wiig, qui volent littéralement la vedette avec des personnages plus matures, plus complexes mais toujours cohérents. Les clichés sont limités le plus possible; on ne les évite pas mais on s'en sert intelligemment. C'est déjà ça de gagné. La finale est assez décevante en ce sens puisqu'elle fait appel aux plus bas instincts consensuels du cinéma populaire alors que, finalement, tout le monde est heureux. Dommage.
Ça roule s'avère donc être un divertissement tout à fait potable qui ne marquera pas les mémoires ni le millésime cinématographique. On ne peut toutefois pas le dénigrer sans concession face au concert de talent bien exploité qu'il offre. Mot d'ordre : efficacité. Comme une partie âprement disputée gagnée en prolongation : ce n'est pas la manière qui compte.