Qu'est-ce qui arriverait si les superhéros recueillis sur Terre n'étaient pas là pour défendre les êtres humains? C'est cette idée originale qui prend racine dans BrightBurn.
Un couple habitant sur une ferme qui a trouvé un bébé dans une météorite tombe des nues lorsqu'en grandissant, ce garçon utilise ses pouvoirs spéciaux à mauvais escient. Plus question alors de l'appeler Superman...
Le film de superhéros est de plus en plus baigné dans des genres spécifiques, que ce soit le drame d'espionnage, le western ou la comédie romantique. Il est cette fois question d'horreur, suivant le schéma des enfants méchants - pensons à The Omen ou We Need to Talk About Kevin - qui font du mal, volontairement ou pas. Cette graine diabolique était là dès la naissance ou elle a été façonnée par l'éducation parentale, l'intimidation des proches et l'humanité défaillante?
Optons pour la crise d'adolescence, alors que le corps se transforme et que des aptitudes apparaissent, tout comme ces satanées voix dans la tête. La première partie assez longuette explore cette métaphore sans lésiner sur les lieux communs (l'ombre de Carrie y est manifeste). Un peu plus et on se croirait devant une variation ou une parodie de Man of Steel. Même la musique y est similaire.
Soudainement les aspects psychologiques sont mis au vestiaire et le long métrage se métamorphose en slasher élémentaire, dans la lignée d'Halloween. Peu importe si le jeu des acteurs s'avère très variable et que la réalisation de David Yarovesky (à qui l'on doit le très ordinaire The Hive) manque d'inventivité. Il y a d'efficaces et cocasses scènes bien gores afin de provoquer physiquement le corps. Un sentiment de répulsion où les yeux se ferment involontairement. Ils s'ouvrent toutefois suffisamment rapidement pour découvrir à quel point l'histoire n'embrasse que trop rarement ses thématiques démentielles.
Le récit superficiel de Brian et Mark Gunn - le duo derrière le quelconque Journey 2: The Mysterious Island - a plutôt un effet d'évocation, renvoyant à un certain James Gunn (le frère du premier et le cousin du second) qui agit en tant que producteur. Bien avant ses Guardians of the Galaxy, le cinéaste aimait tâter l'hémoglobine frissonnante et le malaise foudroyant, autant comme réalisateur (Slither) que simple scénariste (Dawn of the Dead, Tromeo and Juliet...). Le tout culminait avec son incroyable Super, qui détournait brillamment l'oeuvre de superhéros à des fins d'épouvante et d'humour noir.
Il n'y a pas cette ambition derrière BrightBurn. Ni celle, comme dans le récent et mal-aimé Glass, de repenser le genre. Il y a pourtant beaucoup de M. Night Shyamalan au sein de cette conclusion à la fois puissante et poétique. L'espace de quelques majestueuses secondes, le spectateur ne se trouve plus devant une simple série B ou un Chronicle pour public averti. Le retour sur terre n'en est que plus brutal.