Attachée à elle...
Il y a deux aspects satellites au film en lui-même qui nous frappent déjà l’esprit avant d’entamer la projection de ce quatrième opus sur le tard des aventures de la plus célèbre des célibataires britanniques (paradoxalement incarnée par une australienne) : Bridget Jones. En premier lieu, on est clairement étonné que le film n’ait pas les honneurs d’une sortie en salles partout. En effet, si « Bridget Jones, folle de lui » a pu enjoliver la Saint-Valentin de la plupart des pays d’Europe par exemple, les États-Unis et le Canada ont vu sa sortie annulée et le film directement mis sur la plateforme de streaming d’Amazon, Prime. Pour une sortie de cet acabit, c’est tout de même très étrange et cela nous ramène à un autre cas de ce genre il y a huit ans quand le « Annihilation » d’Alex Garland sortait à l’inverse en salles en Amérique du Nord mais sur Netflix en France. Les voies de la distribution sont décidément impénétrables. Ensuite, il faut avouer que près de dix ans après le dernier opus (qui avait lui aussi vu passer une décennie avant le précédent), on n’attendait pas vraiment un nouveau film mettant en scène Bridget Jones. À la vue de ce nouvel opus, on se dit que le film fait du sens car suivre la vie de ce personnage illustre au travers des époques n’est pas une si mauvaise idée. Lors de la première partie très réussie en tout cas.
On découvre donc ici une Bridget Jones veuve de mister Darcy, mère des deux enfants qu’il lui a laissée, un cercle d’amis toujours présent, un père décédé et une vie sentimentale et sexuelle d’un vide abyssal. Les vingt premières minutes, avant un générique tardif, qui nous présentent sa nouvelle situation avec une voix off parfaitement adéquate et délicieusement ironique sont impeccables et augurent du meilleur pour la suite. Rythmée, dans l’air du temps et malicieuse, cette entame contredit parfaitement nos craintes initiales. Et « Bridget Jones, folle de lui » va tenir la cadence et garder le même entrain durant une bonne partie du film. Entre deux nouveaux prétendants, quelques piques bien senties sur les nouvelles mœurs et règles en cours dans nos sociétés et dans la manière de vivre une relation ou des apparitions d’un Hugh Grant qui se refait décidément une belle seconde partie de carrière avec des seconds rôles savoureux (de « Wonka » aux films de Guy Ritchie, il est hilarant), la première partie du film est plutôt réussie, assez drôle et généralement charmante.
On passe donc un bon moment dans la même veine que les précédents mais, malheureusement, notre engouement s’étiole un peu par la suite. « Bridget Jones, folle de lui » souffre de longueurs plus on avance dans le film et les deux heures qu’il dure ne sont absolument pas nécessaires. Et il faut avouer que la seconde partie, beaucoup plus romantique et davantage versée dans la guimauve, est moins sympathique. On retombe dans les travers de la majorité des comédies romantiques et c’est conséquemment plus prévisible et moins amusant. Jusqu’à un final qui embrasse tous les clichés du genre et qui apparaît aujourd’hui désuet. En plus de cela, si Renée Zellweger a toujours le peps du rôle, son physique abîmé par la chirurgie rend ses expressions forcées et on déplore la fraîcheur naturelle de l’actrice à ses débuts. Le bilan est donc plutôt mitigé même si on marche à fond au début et que le tout reste appréciable.
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