Il y a une seule bonne blague dans Brice 3 et c'est son intertitre: «Parce que le 2 je l'ai cassé!». Le reste sent le réchauffé à plein nez, cette sensation de piller une relique du passé afin de s'en mettre plein les poches.
Sans être à tout casser, Brice de Nice qui a été réalisé en 2005 - le personnage est apparu dans des sketchs dès les années 90 - est devenu un film culte, faisant de Jean Dujardin une vedette. Le type de comédie un peu niaise qui ne finit plus de faire rire. Une suite était inévitable. Mais pourquoi avoir attendu tout ce temps?
Brice 3 prend l'affiche et est déjà dépassé. Sa date de péremption est échue depuis belle lurette et c'est pathétique de voir à nouveau les mêmes types de blagues. Pas que le héros ne soit pas attendrissant avec sa naïveté. C'est qu'à force d'enfoncer les mêmes clous toujours de la même façon, l'envie est forte de passer à autre chose. Autant au niveau de la mise en scène molle de James Huth qui ressemble à un mauvais épisode d'Astérix ou des Visiteurs ou du jeu peu inspiré des comédiens, les soupirs ne sont jamais bien loin. Surtout qu'un parfum de misogynie plane dans l'air.
Dans la première partie volontairement kitch où les répétitions viennent constamment détruire le rythme, il n'y a qu'un moment passable. C'est cette confrontation en dessin animé à la Dragon Ball Z. Le reste s'apparente à de la bouillie prédigérée pour chat où les gags s'enchaînent dans l'indifférence totale. Ce n'est pas parce qu'on fait référence encore et toujours à Point Break que ce sera cocasse. Et les pauvres dialogues parfois en vers risquent de faire retourner Jacques Prévert dans sa tombe.
Sans doute qu'on aurait dû écouter cette vieille dame au début du long métrage qui clamait haut et fort «Tu ne crois pas Brice que tu devrais passer à autre chose?». Danny Boyle avait eu la brillance d'esprit d'offrir une méditation mélancolique sur le temps qui passe à travers T2: Trainspotting. C'était évidemment trop demander dans le cas qui nous intéresse.
Le second tronçon du récit verse dans un humour outrancier et déjanté qui, sans être réussi, a le mérite de tenter quelque chose. Une grosse critique sociale sur le vedettariat s'effectue sans aucune subtilité, au même titre que ce rappel insistant sur la nécessité d'avoir des amis. L'ensemble cherche tellement à être idiot et stupide qu'il le parvient... mais pas nécessairement pour les bonnes raisons. Au moins, le cliché «si mauvais qu'il en devient drôle» fonctionne avec parcimonie, surtout lors de ces affrontements où les gens tentent de se casser publiquement. Quoiqu'au niveau de l'absurde pur et dur, il ne se fait rien de mieux que Quentin Dupieux (Réalité).
Avec un Oscar en poche, c'est à se demander ce qui a motivé Jean Dujardin à replonger dans une telle galère. Sans doute que ses derniers projets se sont cassés la gueule, mais ce n'est pas une raison suffisante. Refaire un énième OSS 117 aurait sans doute mieux valu.
Le monde a changé, mais pas Brice de Nice qui est de retour avec cette farce d'une pauvreté absolue qui risque de mettre à l'épreuve même ses fans les plus irréductibles. Pour quelques rares passages qui font sourire, il faut se farcir tous les autres qui finissent par ennuyer royalement. Sans doute que le narrateur de l'histoire avait raison lorsqu'il déclare à des enfants exaspérés «Je ne vous ai raconté que de la merde». On n'avait pas besoin de se rendre jusqu'à la fin pour le deviner.