Un filon s'est développé dans le cinéma depuis quelques années : les films s'adressant principalement à une clientèle âgée et qui ne mettent pratiquement en scène que des vedettes vieillissantes. C'est souvent dans ce type de production qu'on retrouve les Al Pacino et autres Robert De Niro. Sauf que la majorité du temps, l'idée tombe à l'eau. Pour un sublime Amour, il y a dix ronflants Last Vegas. L'histoire se répète avec Going in Style.
Le long métrage peut néanmoins compter sur une distribution du tonnerre en Michael Caine, Morgan Freeman et Alan Arkin. Le trio a beaucoup de plaisir à jouer ensemble et il est entouré de stars déchues telles Matt Dillon, Ann-Margret et Christopher Lloyd, le Doc de Back to the Future. L'oeuvre dans laquelle ils se trouvent est toutefois indigne de leur talent, les obligeant à multiplier les mimiques et ainsi se ridiculiser.
Le scénario signé Theodore Melfi (Hidden Figures) abuse de tout sauf de l'essentiel : les situations qui s'étirent, les gags qui ne lèvent qu'à moitié, les métaphores de tartes, les bons sentiments, les morales collantes, etc. Les farces sur fond d'âgisme se multiplient et le résultat n'est guère reluisant.
La création originale de 1979 écrite et réalisée avec finesse par Martin Brest était toute autre. Bien que mineur, l'effort à la fois cocasse et mélancolique développait des réflexions intéressantes sur la solitude des personnes du 3e et du 4e âge. Ce remake appuyé ne vise que la banalité, la caricature et la superficialité. Dès qu'un peu de gravité ou un thème social fait son apparition (il faut prendre soin de nos aînés, les banques sont parfois des voleurs, les usines qui délocalisent leurs activités dans un autre pays), il devient une excuse ou un prétexte à une blague douteuse. Rien n'y est incarné, on se trouve aux antipodes des missives engagées de Ken Loach.
Sans aucune visée artistique, la mise en scène très légère cherche seulement à divertir. Elle y arrive rarement tant les longueurs et les répétitions sont nombreuses. En tant que cinéaste, Zach Braff a frappé fort avec Garden State. Mais c'était en 2004. Depuis, il ne cesse de décevoir à chaque nouveau film, que ce soit Wish I Was Here et celui-ci où l'on cherche en vain sa personnalité. Au lieu de se prendre pour Brian De Palma, rendre ses personnages vrais et l'émotion réelle aurait dû être sa principale préoccupation.
Sûrement que le trio en place possède tout le charisme nécessaire pour faire oublier ces inepties. Michael Caine dégage une classe certaine, Morgan Freeman détient une assurance légendaire et Alan Arkin ferait rire n'importe qui en phase terminale. Dommage qu'il n'y ait personne pour les amener dans le droit chemin.
On rêve de les voir dans une variation du Pigeon de Mario Monicelli, cette délicieuse satire masculine qui se moque des films de braquage. Devant la caméra de véritables artistes comme Wes Anderson ou David O. Russell, cela donnerait quelque chose de légendaire. Il en va de même pour Going in Style qui aurait pu être bien meilleur s'il avait possédé plus de contenu et un peu moins de style flamboyant.