De plus en plus au Québec, on se risque à produire des films de genre. Après Les affamés de Robin Aubert, voilà qu'on voit poindre sur nos écrans un deuxième film de zombies québécois. Un peu moins poétique, mais plus humoristique que son prédécesseur, Brain Freeze transporte avec lui un vent de fraîcheur bienvenu à la veille de l'Halloween. On peut, sans trop de réserve, le qualifier d'un Zombieland québécois.
Drôle, audacieux, délinquant, le film de Julien Knafo étonne et nous confond rapidement dans nos fausses présomptions. Nous croyions effectivement que Brain Freeze serait ordinaire, pas à la hauteur de ses compétiteurs américains et internationaux. À notre (heureuse et) grande surprise, le long métrage québécois s'avère visuellement et techniquement plus que compétent. Les maquillages sont spectaculaires, les effets spéciaux maîtrisés et la réalisation aboutie. Knafo livre des plans hivernaux somptueux, à commencer par ces accélérés splendides, filmés à l'aide de drones.
L'histoire, qui renferme tout de même quelques incongruités et raccourcis, surprend par sa candeur rebelle. Roy Dupuis y incarne le protagoniste. Déjà, il y a quelque chose de franchement amusant dans le fait de choisir cet acteur émérite et respecté pour jouer le rôle principal d'un film de zombies. Son alter ego, Dan, est agent de sécurité sur l'Île-aux-Paons, une enclave huppée réservée à une élite richissime. Rapidement, il constate que quelque chose ne tourne pas rond avec les insulaires qui se transforment progressivement en morts-vivants, assoiffés de chair humaine. Désespéré de sauver sa fille, il s'efforcera de comprendre ce qui rend les gens malades. Iani Bédard interprète un adolescent de 13 ans qui, après le décès de sa mère, doit prendre soin de sa petite soeur dans ce paradis monstrueux. Il s'alliera avec Dan pour tenter de trouver un sens à tout cela et, surtout, survivre.
Travailler avec des bébés n'est jamais simple, mais on peut dire que le réalisateur a relevé le défi haut la main alors que la petite Annie, présente dans le tiers voire la moitié des scènes, semble réagir aux doigts et à l'oeil aux commandes du cinéaste. Chapeaux aux deux jumelles Claire et Léonie Ledru, qui sont tout aussi mignonnes que professionnelles. On retrouve aussi d'autres personnages secondaires formidables dans Brain Freeze, dont un joué par Simon-Olivier Fecteau. Ce dernier interprète un animateur de radio de droite, assez radical dans ses opinions et très peu empathique. Les jumelles « sataniques », personnifiées par une Mylène Mackay dédoublée, sont, par contre, moins convaincantes. Leur nécessité est discutable au sein de cette histoire aux vertus environnementales.
Brain Freeze est un divertissement de grande qualité, qui saura plaire à un très large auditoire. Pour les moyens du Québec, il est impressionnant qu'on soit arrivé à livrer un produit aussi impeccable.