Dans un futur post-apocalyptique, les membres de la famille Van Der Koy contrôlent un large territoire d'une main de fer. Hilda (Famke Janssen), la matriarche du clan, sacrifie chaque année ses ennemis sur la place publique afin de garder le reste de la population docile et effrayée.
Une année, un jeune garçon voit sa mère et sa petite soeur être exécutées dans de telles circonstances. Ayant survécu à son funeste destin, mais ayant perdu au détour l'ouïe et l'usage de la parole, l'enfant devenu adulte (Bill Skarsgård) obéit aveuglément aux ordres et aux commandements d'un mystérieux Shaman (Yayan Ruhian, l'une des vedettes de l'excellent diptyque The Raid). Ce dernier l'a ainsi préparé et surentraîné pendant des années dans le seul et unique but d'en faire une machine à tuer qui pourra un jour assouvir sa vengeance de la manière la plus brutale qui soit.
À la suite d'un autre massacre survenu en pleine rue, notre vengeur juge que le temps est venu de passer à l'action, et d'empiler les cadavres.
Nous devons d'abord donner au cinéaste allemand Moritz Mohr et à ses coscénaristes Tyler Burton Smith et Arend Remmers ce qui leur revient.
En ajoutant une bonne dose de style, de couleur, de violence excessive et de je-m'en-foutisme aux récits de rébellion prenant forme dans un avenir dystopique et totalitaire tels que proposés abondamment aux jeunes adultes ces dernières années (on pense à Hunger Games et autres Divergent), le trio signe un film d'action énergique et exubérant qui capte rapidement l'attention.
Si le récit demeure trop souvent ici une arrière-pensée, Boy Kills World pullule malgré tout d'idées visuelles et diégétiques aussi farfelues que jouissives. On pense à l'initiative d'avoir engagé H. Jon Benjamin (l'inimitable voix du personnage titre de la série Archer) pour narrer l'histoire, car le protagoniste - toujours muet - désirait tout simplement avoir une voix d'enfer.
Les nombreuses séquences d'action, plus chaotiques et sanglantes les unes que les autres, sont livrées de façon résolument cartoonesque, nous ramenant autant aux jeux vidéo (médium auquel Boy Kills World se réfère continuellement) qu'à une époque où la comédie se jouait sur des bases beaucoup plus physiques.
Mohr et son directeur photo Peter Matjasko multiplient, d'ailleurs, les prouesses pour rendre l'ensemble aussi vivant, frénétique et éclaté que possible, tout en s'assurant que les scènes les plus mouvementées demeurent lisibles.
Nous sentons néanmoins que les principaux intéressés travaillent avant tout pour prouver un point, et laisser la carte de visite la plus tapageuse qui soit.
De ce fait, même les séquences les plus musclées finissent par s'étirer en longueur, tandis que les bonnes idées de départ tendent à devenir redondantes, et que les règles narratives et dramatiques introduites d'emblée - notamment en ce qui a trait à la condition du protagoniste - ne sont respectées et exploitées qu'au bon vouloir des personnes en charge.
Ceci étant dit, Boy Kills World débouche sur un dernier acte particulièrement solide, alimenté par un ultime revirement parfaitement intégré, et pavant la voie vers un affrontement final où l'adrénaline et l'émotion pure sont définitivement au rendez-vous.
À plusieurs égards, Mohr remporte son pari en démontrant un flair technique et un goût pour l'absurde nous convainquant plus souvent qu'autrement de faire fi de l'extrême minceur de la proposition d'un point de vue scénaristique.
Le résultat final aurait néanmoins gagné à être resserré en laissant un bon quinze minutes sur le plancher de la salle de montage, plusieurs passages pouvant devenir un tantinet étourdissants tellement Mohr et son équipe veulent nous en mettre plein la vue et plein la gueule. Mais nous ne pouvons malgré tout que nous laisser enivrer par l'enthousiasme débordant déployé par ces derniers.
Et les maîtres de cérémonie sont bien appuyés à l'écran par une distribution ayant su s'imprégner du ton voulu, et surtout de la folie ambiante.
Une première oeuvre juvénile et assumée, dont les architectes ne peuvent désormais qu'affiner leurs méthodes, et gagner en maturité (ou pas).