Boule & Bill est une bande-dessinée qui a bercé l'enfance de plusieurs d'entre nous. Comme les Américains le font souvent, les Français s'attaquent alors à une « institution ». Les risques sont grands; les férus sont exigeants et ceux qui ne connaissent pas la série, ont besoin de plus qu'une marque de commerce pour être convaincu. Comme Boule & Bill consiste en de petites histoires indépendantes, il fallait trouver un filon principal à ce long métrage pour ne pas qu'il ressemble à un film à sketchs. Le filon a été trouvé (la famille de Boule doit déménager à Paris pour le travail du père et le chien doit vivre cloitré dans un appartement), mais, rapidement, il devient une excuse pour enchaîner les situations loufoques et les cascades canines.
Un vrai animal dans un film, avec une voix off et des acteurs en chair et en os est une méthode depuis longtemps dépassée. Il y a eu l'âge d'or de cette technique avec les Retour au bercail, les Babe et les Benji de ce monde, mais les studios préfèrent maintenant le CGI et des mouvements plus contrôlés des animaux. Boule & Bill semble provenir d'une ère révolue, et pas seulement parce que l'histoire se déroule dans les années 70, mais parce qu'on recycle de vieilles pratiques et des blagues, elle aussi, vieilles comme la terre. Et c'est sans parler de cette finale où le père troque sa carrière d'illustrateur de produits ménagers pour devenir bédéiste et dépeindre les aventures de son fils et son chien sur papier. Une conclusion très peu inspirée qui transpire le cliché et l'insignifiance.
Boule & Bill renferme tout de même certaines idées amusantes. Que l'antagoniste soit un voisin dépressif allergique aux bruits et au chien apporte quelques instants savoureux à la production; probablement les meilleurs d'ailleurs. La tortue Caroline, follement amoureuse du cocker, arrive à nous faire sourire à quelques reprises, comme les séquences où Boule se prend pour un cowboy avec son fidèle destrier. Le film aurait probablement profité de jouer davantage avec l'aspect ludique, avec l'imaginaire débordant de l'enfant (et du chien et de la tortue).
On comprend les bonnes intentions des auteurs de vouloir parler de l'avènement du féminisme, de l'industrialisation et de la migration des travailleurs de la campagne vers la ville, mais on ne peut s'empêcher de se demander si le contexte s'y prêtait vraiment. Le film familial, qui se veut léger et réconfortant, laisse parfois échapper quelques idéologies qui n'ont aucune implication sur l'histoire, si ce n'est que lui donner un semblant de sérieux, dont elle n'avait pas besoin.
Ni l'humoriste Franck Dubosc, ni le candide Charles Crombez n'arrivent à sauver la production du désastre. Boule & Bill est un film qui aurait été agréable il y a vingt ans, mais en 2013, il est trop lacunaire et vieux jeu pour convaincre.