Les adaptations de jeux vidéo ayant finalement produit quelques résultats potables au petit comme au grand écran, il faut s'attendre à voir de plus en plus de studios tenter leur chance avec des licences de diverses notoriétés.
Effectuant un virage à 180 degrés par rapport à son répertoire habituel, Eli Roth revient à la charge une dizaine de mois après l'idiot - mais délicieusement sanglant - Thanksgiving avec Borderlands. Il s'agit également de la troisième méga production de l'été à nous transporter au coeur d'un vaste territoire désertique et barbare, après Furiosa: A Mad Max Saga et Deadpool & Wolverine.
Ce qui retient déjà l'attention dans ce cas-ci, c'est la présence de Cate Blanchett au générique d'un projet auquel nous n'aurions jamais eu le réflexe de l'associer, et ce, même s'il s'agit d'une seconde collaboration entre l'actrice et le réalisateur, après The House with a Clock in It's Walls.
Dans un cas comme dans l'autre, nous devons reconnaître la volonté du maître de cérémonie de proposer un certain cinéma de genre à un jeune public, mais aussi de confier à des actrices plus expérimentées des rôles de femmes fortes à une époque où Hollywood semble plus que jamais en quête constante de jeunesse et de sang neuf.
Blanchett est d'autant plus rejointe ici par Jamie Lee Curtis, qui a toujours affirmé haut et fort son amour pour la culture « geek ».
Malheureusement, Borderlands n'est pas à la hauteur ni des talents impliqués ni de ses nobles intentions.
Nous accompagnons donc Lilith (Blanchett), une chasseuse de prime dont la réputation n'est plus à faire, lorsqu'elle est engagée par Atlas, un puissant homme d'affaires, pour retrouver sa fille Tina (Ariana Gleenblatt) sur la planète Pandora (non, pas CETTE planète Pandora). La jeune fille a été enlevée - ou rescapée, c'est selon - par Roland (Kevin Hart), un soldat qui était jadis au service d'Atlas, pour tenter de retrouver une voûte secrète qui pourrait ramener la planète en décrépitude à un état de paix et de prospérité.
Lilith découvre toutefois rapidement qu'elle n'est pas la seule à vouloir retrouver la trace de Tina. Cette dernière doit alors se résoudre à faire équipe avec une bande d'individus mal léchés pour avoir une chance de survivre en ces lieux particulièrement hostiles.
Disons que Borderlands ne se casse pas tout à fait le bicycle en ce qui a trait à la forme de son récit. Surtout, la trame narrative semble plus souvent qu'autrement progresser par obligation, plutôt que de suivre une quelconque impulsion dramatique. Et une partie de la responsabilité revient à Roth, qui a visiblement eu les yeux plus gros que la panse en prenant les rênes d'une telle production.
Borderlands est ce à quoi nous aurions probablement droit si Robert Rodriguez venait à reprendre la série Mad Max des mains de George Miller. Visuellement, le résultat est coloré, proposant plusieurs belles trouvailles au niveau de la direction artistique. Le tout est toutefois loin d'être suffisant pour soutenir un ensemble qui manque autant d'énergie que de souffle créatif, composé d'effets visuels assez ordinaires, de performances en dents de scie, et d'une quête éculée et dépourvue de surprises et de moments forts.
L'univers de Borderlands se déploie également à partir d'une panoplie de lieux communs et de séquences paraissant plus ou moins essentielles au récit.
Roth se montre d'ailleurs particulièrement inefficace dans les scènes impliquant un nombre élevé de personnages, avec lesquels il ne parvient ni à créer de mouvements ni à insuffler un quelconque sentiment de menace ou de danger à sa prémisse.
Un manquement flagrant lors de l'ultime séquence de confrontation, durant laquelle tous les personnages secondaires n'apparaissant pas dans le cadre pourraient être en train de boire un espresso et de déguster une viennoiserie au milieu du désert que cela ne changerait strictement rien à la dynamique de la scène.
Il est probable que le résultat final et ses révélations tombent davantage dans les cordes des fans de la série de jeux de Gearbox Software, mais pour les non-initiés, il est assez difficile de trouver son compte dans une proposition se contentant d'accomplir si peu avec des possibilités pourtant infinies.
Et c'est sans parler du plus qu'irritant robot Claptrap (auquel Jack Black prête sa voix), dont les frasques anti-comiques vont souvent jusqu'à nous donner l'impression d'avoir jugé un peu trop sévèrement ce vieux Jar Jar Binks. Ce qui n'est définitivement pas peu dire.