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Borat touche le fond.
Le retour de Borat aurait pu être une sacrée bonne nouvelle. Cependant, comment garder frais et viable ce concept de faux documentaire basé majoritairement sur des caméras cachées et de l’improvisation ? Depuis quinze ans et le premier opus, Sacha Baron Cohen et son personnage sont devenus cultes, il était donc intéressant de voir comment l’équipe derrière cette suite allait passer outre cet obstacle conceptuel. Et bien malheureusement, le choix a été fait de ne rien changer et forcément la sincérité des séquences en prend un sacré coup. En résumé cette fois, on n’y croit pas une seule seconde. Imaginez dans un autre genre que « Le projet Blair Witch » se soit vu offert une suite dix ans plus tard avec le même concept alors qu’une bonne partie de la peur venait à l’époque du fait qu’on supposait cette histoire vraie. Il est clair que ça fonctionnerait beaucoup moins et bien c’est exactement pareil ici avec le rire. En pire! Résultat des courses, les scènes s’enchaînent sans véritable fil conducteur et nous consternent les unes après les autres. C’est complètement idiot (mais de la bêtise qui ne passe pas contrairement au premier) et on ne croit pas une seule seconde à la véracité des réactions de la plupart des personnes piégées. Tout cela ne fait aucunement naturel et le processus même se tire une balle dans le pied et montre ses limites. Comment toutes ces personnes non floutées ne peuvent-elles pas voir la présence des caméras, reconnaître l’acteur malgré ses efforts ou encore marcher devant l’énormité des situations ? Partant de là on ne marche pas, on se désole devant tant de vulgarité et de bêtise et on est bouche bée devant un truc pareil.
Cette farce a néanmoins le bon goût de sortir au moment opportun avec les élections américaines en approche et la crise actuelle due à la pandémie. Mais tout cela n’arrive qu’après une bonne moitié de ce « film » et en attendant on a le droit à des scènes alternant le vulgaire et le ridicule (ou les deux). Et tout cela reste bien trop gentil et presque politiquement correct au vu des événements actuels. En effet, plutôt que de tirer à boulets rouges sur les démocrates et les républicains, Baron Cohen préfère se focaliser sur les seconds uniquement avec de la caricature facile, opportune et souvent déjà vue. Seul le pied de nez final en rapport au Covid-19 est relativement malin mais sinon tout est tellement lourd que cela ne fera pas rire tout le monde. Dommage car ce personnage était si drôle à l’époque mais le concept touche ici le fond et ternit même l’image de « Borat » premier du nom. Passer près d’une heure et demie devant ce qui devrait être une comédie à la fois censément drôle mais aussi fine et virulente et ne pas sourire une seule fois est éloquent. Il est même difficile de retirer une seule séquence mémorable à la fin de la projection et on a davantage affaire à une compilation de saynètes gênantes et de mauvais goût. On a beau apprécier l’artiste, ce « Borat 2 » était une mauvaise idée ou alors une idée très mal exploitée. A fuir. La satire politique et sociale est ratée et on apprend rien qu’on ne sait déjà tant les proies et les cibles choisies sont faciles et éculées.
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