Que serait une comédie adolescente sans l'éternelle question des pulsions sexuelles? C'est une condition sine qua non à un succès commercial comme Porky's et American Pie, l'élément par excellence qui permet une corruption en règle de l'enfance. Cette question fascine nos jeunes héros (masculins, évidemment) de plus en plus tôt, arrivant dans Good Boys lors de la 6e année du primaire.
Le film débute de la façon la plus élémentaire possible, avec une scène de masturbation avortée à cause d'un père qui entre par inadvertance dans la chambre de son fils. Mais n'a-t-on pas déjà vu ça quelque part? Au moins dans la moitié des oeuvres américaines destinées à cette clientèle cible qui ont pris l'affiche au cours des 20 dernières années.
Ce sentiment de redite et de déjà vu plane constamment sur cette production sans queue ni tête, qui au lieu de se mettre à nu et d'essayer quelque chose de nouveau remâche constamment ce qui a été fait auparavant. Tout est une question de sexe, que ce soit ces jouets lubriques, ces expressions cochonnes, ces allusions coquines, etc. Cela n'a strictement rien à voir avec l'intrigue, ce qui ne semblait pas déranger le public présent lors d'une avant-première, qui riait à gorge déployée à la simple mention d'un sous-entendu à connotation lascive...
C'est comme si les producteurs Evan Goldberg et Seth Rogen (qui viennent tout juste de produire l'hilarant Long Shot) avaient vu ce récit comme un petit frère spirituel de leur long métrage culte Superbad. L'histoire est similaire, sans le coeur et les nuances qui font toute la différence. Autant celles qui rendent les personnages attachants que celles qui permettent de transformer des gags limites sur papier (souvent sur fond de drogues) en un feu d'artifice de rires.
Cela semble toutefois trop demander aux scénaristes Lee Eisenberg et Gene Stupnitsky d'être drôles ou pertinents. Le duo a travaillé sur la fantastique série The Office, mais également sur l'inconséquent Bad Teacher et l'horrible Year One. Les rares éléments potables du scénario ont vite été évacués au profit de situations vulgaires. Pas celles qui font sourire (à côté d'eux, les frères Farrelly pourraient changer de nom de famille et se faire appeler les frères Marx), mais celles qui font pleurer par tant de bêtises et de dialogues douteux.
Au moins, Gene Stupnitsky soigne sa réalisation impersonnelle en y insufflant un rythme alerte. Puis il y a un solide casting qui est dominé par la bouille sympathique de Jacob Tremblay. Tout est cependant saboté par les excès de mauvaises blagues grivoises, de morales conservatrices - qui se veulent faussement féministes - et de sensiblerie dégoulinante (sur l'amitié, la nécessité d'être soi-même et de ne pas mentir).
Prenant l'affiche quelques mois seulement après le brillant Booksmart et le rafraîchissant Avant qu'on explose, dont il partage plusieurs traits en commun, Good Boys ne lésine pas sur les farces faciles et usées. Il faut d'ailleurs avoir un penchant pour cet humour où la moindre mention d'un terme à caractère sexuel est source de joie intense pour prendre son pied. Si c'est le cas, mieux vaut en profiter pendant que ça passe.