Les bons longs métrages d'action qui divertissent sans débiliter le spectateur sont plutôt rares. Pierre Morel, avec ses films Banlieue 13 et L'enlèvement, a su prouver qu'il était possible d'offrir une oeuvre de qualité sans verser dans la facilité, sans compromettre les aptitudes du récit au profit d'une brutalité outrancière. Encore cette fois, avec Bons baisers de Paris, Morel apporte, à un long métrage qui aurait pu facilement basculer vers une bassesse injustifiée, un esprit, un rythme particulier, donnant à la narration une efficacité indéniable et aux acteurs la chance de démontrer leurs habiletés. Certes, le film d'action renferme de nombreux clichés - qualificatif de son genre - et s'égare parfois dans des courses effrénées qui n'ont raison d'être que pour la distraction générale. Mais si la réalisation est pertinente et l'histoire cohérente, les digressions ne sont qu'un moindre mal.
James Reece, un employé de l'ambassade des États-Unis à Paris, veut faire partie des services secrets depuis de nombreuses années. Son rêve est sur le point d'être exaucé lorsqu'on lui offre un emploi s'il fait équipe avec Charlie Wax, un espion aux méthodes non-orthodoxes, pour arrêter des terroristes qui sévissent dans la capitale française. Bien que James n'approuve guère les techniques brutales de son nouveau coéquipier, il apprendra, en travaillant avec lui, ce qui fait un bon agent secret.
Avec toutes ses sinuosités et ses planques innombrables, la Ville lumière est le lieu idéal pour de grandioses poursuites - une chasse à l'homme sur les toits parisiens est d'ailleurs ravissante. L'action est bien menée du début à la fin (ou du moins juste un peu avant la fin, puisque la scène finale est risible, voire grotesque), tant dans les dialogues efficients que dans la réalisation rigoureuse. Plusieurs blagues et réparties bien calibrées viennent alléger la narration qui, sous le bruit incessant des armes, aurait pu devenir redondante.
John Travolta, qui n'a guère donné de performance remarquable au grand écran depuis Fiction pulpeuse (je tente encore de chasser de mon esprit son plus récent échec qui m'empêche de dormir la nuit : Les deux font la père), est ici très efficace dans le rôle d'un apathique agent secret américain qui massacre tous ceux qui osent croiser son chemin. Jonathan Rhys Meyers est par contre en grande partie responsable de la justesse du jeu de Travolta puisque la véritable efficience se manifeste dans leur complémentarité. Rhys Meyers donne à son personnage une individualité perceptible qui permet au public de s'attacher à cet être cartésien ahuri par l'impulsivité de son nouveau partenaire.
Évidemment, de nombreux clichés parsèment allégrement le récit. Les personnages, malgré le caractère exclusif que les acteurs ont su leur nantir, sont stéréotypés et banals, et le dénouement, même si le chemin pour y arriver est assez ludique, est pour le moins prévisible. Des incohérences flagrantes, comme l'agent secret qui dit ne rien savoir du passé de sa fiancée, mais qui ne s'en est jamais soucié, atténue également la vraisemblance du récit et empêche le bon déroulement de l'histoire.
Bons baisers de Paris est une oeuvre qui n'a pas la prétention d'intellectualiser ou de nous endoctriner à quoi que ce soit, mais bien de divertir dans sa plus simple expression. On peut bien se questionner sur l'impact d'une telle production ou de l'intérêt véritable pour l'avancement de l'art cinématographique qu'a ce genre de film, mais si c'est bien réalisé, écrit, que les acteurs sont efficaces et que temps morts sont presque inexistants; discutez entre vous et laissez-moi regarder les deux petits gars avec leurs gros fusils tuer les méchants.
Bons baisers de Paris est une oeuvre qui n'a pas la prétention d'intellectualiser ou de nous endoctriner à quoi que ce soit, mais bien de divertir dans sa plus simple expression.
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