Dès les prémisses de cette histoire - qui se veut une suite à la comédie du même nom datant de 1984 -, le patriarche nous précise (sans la moindre subtilité) : « pas besoin de la connaître pour s'amuser »! C'est d'ailleurs là le thème central de ce film : l'absence de subtilité et de profondeur. Il faut apprécier ce type d'humour très rudimentaire (les blagues de pénis, de vagin, de matières fécales, de vomi - en quantité impressionnante -, de poils pubiens et d'animaux décapités, etc.) pour passer à travers Vacation sans être complètement exaspéré.
Il ne faut pas croire, par contre, que la comédie n'est pas parfois amusante. Certains moments sont assez cocasses, mais la majorité nous laisse une impression d'inconfort qu'on gère avec plus ou moins d'aisance selon sa tolérance à l'absurdité et à la vulgarité. Généralement, c'est lorsqu'elle nous surprend que Vacation nous amène à rire, quand elle ose s'aventurer dans des zones dangereuses. Par exemple, quand elle nous propose un père qui tente d'être le « wingman » de son fils, mais qui n'arrive qu'à passer que pour le pire pédophile de l'histoire de l'humanité, ou quand un jeune frère insulte son frangin de la manière la plus grossière possible jusqu'à tenter de l'étouffer avec un sac en plastique en espérant achever sa vie. C'est lorsqu'elle se permet les pires énormités que la comédie rencontre le plus de succès.
Les personnages secondaires sont le paroxysme de cette indécence qui habite Vacation. On a droit entre autres à un G.O. suicidaire, un camionneur tortionnaire, un beau-frère misogyne au gros marteau. Chacun d'eux apporte une personnalité débridée au long métrage de Jonathan M. Goldstein et John Francis Daley, qui nous fait apprécier sa folie et sa subversion. Ed Helms et Christina Applegate sont également efficaces dans les rôles de parents qui ne peuvent s'empêcher de commettre des erreurs, qui deviennent souvent impardonnables.
Malheureusement, tout n'est pas réussi pour les Griswold. Bien qu'il y ait plusieurs surprises au sein de la trame narrative débridée, elle laisse place à des poncifs décevants et des facilités déplorables. Le vomi est d'ailleurs présent en si grande quantité dans ce film qu'on finit par avoir nous-mêmes la nausée (était-ce vraiment nécessaire?). Les nombreuses fonctionnalités de la voiture albanaise n'apportent pas non plus beaucoup à l'histoire, ni même à l'aspect comique de la chose. On aurait préféré que l'audace dépasse les lieux communs davantage.
À noter que le film est traduit au Québec et que donc, on a droit à des expressions typiques de chez nous comme " c'est chien! » et « c'l'fun». Malgré le fait qu'on comprenne mieux les formulations que lorsqu'elles sont traduites en France, elles nous font quand même sourciller, comme nous ne sommes pas habitués de les entendre de la bouche d'Ed Helms et Chris Hemsworth.
Comme le père Griswold nous l'avait promis, il n'est pas nécessaire d'avoir vu le premier film pour apprécier la démence de ce Vacation, mais il est évident que celui qui n'a jamais vu la première mouture ne comprendra pas toutes les blagues (ce qui - après tout - n'est pas si mal!).