Il ne faut pas se leurrer; les attentes sont immenses. Autant les propriétaires de salles, le distributeur, les producteurs que le public, tout le monde rêvent du succès de Bon Cop Bad Cop 2. Évidemment, ces espérances génèrent une pression colossale sur le film, avant même qu'il n'ait été vu par quiconque. Au-delà du box-office, qui tourmente l'industrie du cinéma, il y a la qualité de celui-ci qui génère des appréhensions. Sera-t-il à la hauteur de son prédécesseur ou nous fera-t-il regretter l'été 2006?
Bon Cop Bad Cop 2 nous donne exactement ce qu'on attend de lui : de l'action, de l'humour, des répliques cultes, des moments d'anthologie et une bonne dose de nostalgie. Il n'a peut-être pas la même fraîcheur que le chapitre original, qui nous offrait quelque chose d'unique et d'irrévérencieux, mais il nous propose un divertissement de qualité, qui n'a rien à envier aux riches franchises américaines. Les séquences d'action et de combats de Bon Cop Bad Cop 2 sont comparables à ce que font nos voisins du Sud (avec beaucoup moins de moyens; est-ce nécessaire de le mentionner?).
Au début de Bon Cop Bad Cop 2, on a l'impression de se retrouver dans un énième volet de Fast & Furious, puis dans un film du Transporteur ou de James Bond. Il faut dire que l'aspect comique présent dans le film - Bon Cop Bad Cop 2 s'amuse encore beaucoup avec les oppositions culturelles et linguistiques entre le Canada anglais et français - apporte un élément de différenciation important avec toutes ces séries américaines prémâchées.
Les personnages de David Bouchard (Patrick Huard) et Martin Ward (Colm Feore) font, encore une fois, l'une des plus grandes forces du film. La relation particulière qui subsiste entre ces deux policiers est charmante et attrayante. Il faut à peine une minute au public pour se souvenir de leur complicité d'antan et retrouver l'affection qu'il leur portait jadis. Bien que 11 ans se soient écoulés depuis leur dernière aventure, David et Martin ont la même chimie, la même connivence. Les acteurs sont aussi convaincants maintenant qu'ils l'étaient à l'époque.
Huard et Feore se sont entourés cette fois de Marc Beaupré, qui interprète le "p'tit bum" par excellence, et Mariana Mazza, dans le rôle de MC, une excentrique spécialiste en informatique. Alors que Louis-José Houde avait fait un caméo mémorable dans le premier film, le scénariste a choisi de ramener un autre humoriste dans sa seconde mouture et de lui donner davantage de temps d'antenne cette fois-ci. L'idée en était une brillante (surtout que Mazza est l'une des coqueluches de l'heure), mais le résultat déçoit. MC est une Mariana Mazza en réalité augmentée. Le personnage est tellement près de celui de l'humoriste sur scène qu'on finit par oublier qu'il s'agit d'un rôle de composition. Le coup de grâce arrive quand le personnage du film reprend une ligne - presque mots pour mots - du one-woman-show de Mazza... (soupir)
Il faut dire aussi que le principal vilain, joué par Andreas Apergis, manque de prestance et de crédibilité. On aurait espéré un méchant moins typé que celui-là.
Anik Jean, conjointe de Patrick Huard, a fait un travail exceptionnel en ce qui a trait à la trame sonore. Ses musiques sont accrocheuses, dynamiques, sensibles et surtout, très cinématographiques. Cette superbe pièce de July Talk en ouverture met immédiatement le spectateur dans l'ambiance et sa chanson « Alive » (disponible en version française et anglaise) colle bien à l'ensemble.
Plus touchant et mieux proportionné (humour/drame/action) que le chapitre précédent, ce nouveau Bon Cop Bad Cop possède les ingrédients nécessaires pour rejoindre les attentes de tous les contributeurs. Maintenant, il ne tient qu'à vous de participer à cette industrie du cinéma dont vous êtes le héros!