C'est presque un miracle que The SpongeBob Movie: Sponge on the Run se retrouve sur les écrans de cinéma. Aux États-Unis, le film doit prendre l'affiche directement en vidéo sur demande en... 2021, pandémie oblige! Mais comme le Canada est moins touché que son voisin du Sud, Paramount a décidé de le sortir chez nous en exclusivité. Heureuse idée pour amuser les petits en attendant le retour de l'école.
21 années se sont écoulées depuis le début de la populaire série de Stephen Hillenburg et nous sommes rendus au troisième film. Qu'est-ce qu'il y a de nouveau sous le soleil dans cette quête de Bob l'éponge pour retrouver son animal de compagnie Gary l'escargot? D'hilarants dessins animés où les images de synthèse (CGI) remplacent complètement les traditionnels effets en deux dimensions, gracieuseté notamment du studio montréalais Mikros Animation. Et une musique plus pimpante que jamais, concoctée par le grand compositeur Hans Zimmer.
Pour le reste, c'est un peu du pareil au même. Une leçon d'amitié - surlignée lourdement à la toute fin - peuplée de personnages attachants. Des situations saugrenues qui apparaissent au détour d'une succession de sketchs d'une valeur inégale. Puis un vortex d'hommages à la culture populaire, Titanic s'accaparant cette fois la part du lion.
La production est clairement destinée aux enfants avec ses gags souvent répétitifs et puérils. Ce sont eux qui vont sourire de l'humour physique sidérant vautré dans le premier degré. Pourtant la trame narrative éclatée qui perdra plus d'une jeune âme ne fait pas que reprendre celle de Finding Nemo. On sent un désir dans le scénario du réalisateur Tim Hill à tout traiter en satire, en parodie. Ce n'est pas tant pour rejoindre les plus grands que pour voir ce que procure ce grain de sable dans l'engrenage.
À priori, rien de bien spécial n'arrive. C'est alors que surviennent une première déflagration psychédélique, puis une seconde et une troisième. C'est la marque de commerce de la série depuis des lustres. Elle a pourtant rarement été poussée à ce degré. Un peu plus et les ados intoxiqués se rueront en masse devant tant de stimulus.
Quelque part entre une introduction trop gentille et une conclusion qui traîne en longueur apparaît un rêve. Ce segment qui s'étend seulement sur une dizaine de minutes est probablement ce que la licence a offert de plus incroyable. Nos héros sont plongés dans un véritable western où ils hallucineront coup sur coup une sage boule virevoltante personnifiée par Keanu Reeves, une mélodie chantée et dansée par Snoop Dogg, puis un duel au sommet avec le Diable Danny Trejo. Cette séquence vaut à elle seule le prix du billet, s'avérant bien plus satisfaisante que toutes les tentatives réelles et ratées de son prédécesseur Sponge Out of Water où l'on retrouvait Antonio Banderas en pirate dément.
Les derniers mois n'ont pas été tendres pour le public familial, qui n'a pas particulièrement été convaincu par Scoob!, Les blagues de Toto ou Trolls World Tour. Il faut pratiquement remonter à Onward et La fameuse invasion des ours en Sicile pour trouver quelque chose d'intéressant. Bien que daté et imparfait, The SpongeBob Movie: Sponge on the Run apporte enfin un peu de plaisir à cet été spécial. Sans chercher à renouveler sa formule, l'animation utilise son charme issu d'un autre siècle afin de divertir sans laisser trop d'effets secondaires.