Premier film officiel du nouvel univers cinématographique DC Comics chapeauté par James Gunn (les Guardians of the Galaxy), Blue Beetle est surtout un rare long métrage de superhéros à mettre en valeur la communauté latino. Une page d'histoire qui n'aura malheureusement pas le même impact que celle de Black Panther. Pourquoi? Parce qu'au lieu de capitaliser sur ce qui la rend unique, cette production ressemble à toutes celles qui l'ont précédée.
Cela est palpable avec un récit des origines qui ressemble beaucoup à celui de Venom. Un jeune homme (Xolo Mariduena de la série Cobra Kai) vient en contact avec un scarabée extraterrestre qui lui donne une armure superpuissante... qu'il est incapable de contrôler correctement. Le superhéros malgré lui tombe en amour avec une femme qui est de la même famille que la méchante de l'histoire (bonjour Spider-Man 2), il y a plusieurs combats musclés de machines qui rappellent certains Iron Man, un affrontement final qui semble provenir de Man of Steel, des gags sur Batman, etc. Jusqu'à un clin d'oeil de transformation à The Fly de David Cronenberg. Le script de Gareth Dunnet-Alcocoer (auteur du scénario du piètre remake de Miss Bala) est tellement balisé que seul le nom du superhéros change.
La particularité de l'offrande est de miser sur la famille du protagoniste. Cela vient avec une réflexion superficielle sur les classes sociales et un abus de morales (pratiquement toutes les scènes avec papa), mais également un rappel à l'union et à la solidarité. Les Ant-Man étaient passés par là récemment, les Spy Kids aussi à une autre époque, et s'il n'y a rien pour détrôner Encanto à ce chapitre, cela donne les moments les plus drôles et absurdes du film. Autour d'un protagoniste ennuyant, car trop parfait (Xolo Mariduena est charismatique à défaut d'être toujours très crédible), se trouve une soeur pas piquée des vers, un oncle excentrique et une grand-mère disjonctée qui est interprétée par la grande comédienne Adriana Barraza (Babel).
Cela se gâche malheureusement du côté des antagonistes qui s'avèrent totalement inintéressants. Malgré tout son talent, Susan Sarandon n'a rien à défendre dans la peau de cette vilaine unidimensionnelle. Ce n'est pas en donnant tardivement de la profondeur à son garde du corps (l'imparable Raoul Max Trujillo) à l'aide de ridicules ellipses censées émouvoir le spectateur que le long métrage deviendra subitement plus complexe et étoffé.
Découvert par l'entremise du solide Charm City Kings, le cinéaste Angel Manuel Soto offre une mise en scène appropriée, plus mouvementée que dotée d'une réelle personnalité. Répétitives, ses scènes d'action demeurent toutefois spectaculaires et les mélodies de Bobby Krlic/The Haxan Cloak (qui a travaillé sur les deux derniers opus d'Ari Aster) séduisent par leurs sonorités des années 1980 qui auraient pu figurer dans les deux derniers épisodes de Thor.
Quatrième film de DC Comics à prendre l'affiche au cinéma en à peine 10 mois (après Black Adam, Shazam! Fury of the Gods et The Flash), Blue Beetle sent la formule à plein nez. L'ensemble, ludique et léger, amuse avec parcimonie. Mais il atteint rapidement un seuil de saturation, cherchant constamment son identité. Cette création avait pourtant tout en sa possession pour sortir du lot.