Dans l'ombre de Marvel et DC, l'éditeur de comics Valiant tente sa chance au cinéma avec Bloodshot, un film qui ressemble à tout et qui ne possède aucune personnalité. La dernière fois que le spectateur avait autant souffert devant un film de superhéros, c'était l'année dernière avec le retour catastrophique de Hellboy.
Il n'y a ici point de démons, que des individus « améliorés » par une technologie surprenante. C'est le cas d'un militaire (Vin Diesel) qui revient littéralement à la vie avec des pouvoirs particulièrement puissants. Lorsqu'il se rappelle enfin qui a fauché son existence et celle de son amoureuse, le sang risque de couler...
Difficile de réinventer le septième art. Les scénarios véritablement originaux sont rares et ils rappellent inévitablement ce qui a été fait avant. C'est toutefois inédit que la moindre petite idée tirée des écrits de Jeff Wadlow (Fantasy Island) et Eric Heisserer (Arrival) semble avoir été plagiée sur RoboCop, Terminator, Iron Man, Hulk, Spider-Man 2, Edge of Tomorrow, The Matrix, etc., etc., et surtout Universal Soldier. Un mélange qui s'avère vite consternant devant une histoire aussi risible. Explorer avec succès l'origine d'un personnage n'est pas évident (les triomphes comme Wendy sont peu nombreux), mais de là à changer l'adage « mettre son cerveau à off » par « cette création risque de laisser des dommages permanents à votre cerveau »?
Devant le ridicule des situations et la pauvreté des dialogues, il faudra se concentrer sur les scènes d'action. Bien que la plupart demeurent spectaculaires (surtout celle noyée de rouge et le combat dans l'ascenseur), elles traînent beaucoup trop en longueur, finissant par lasser par leurs montages saccadés et leurs effets spéciaux inégaux. Pour son premier long métrage, Dave Wilson (qui a mis sa patte à Avengers: Age of Ultron) offre le travail d'un tâcheron, faisant disparaître son style dans chaque plan. Même la musique mouvementée de Steve Jablonsky tombe à plat dans sa façon de singer Inception. Au moins il y a un passage dansé sur fond de Psycho Killer des Talking Heads qui, sans atteindre la maestria de Leto, décroche un sourire.
Peut-être alors que c'est Vin Diesel qui sauve les meubles? Encore là, mieux vaut rêver. Le voilà enfin abandonner ses suites chéries pour explorer autre chose, trouvant un personnage taillé sur mesure pour lui. Sauf qu'autant le récit se prend inutilement au sérieux, autant l'acteur ressemble plutôt à une caricature d'un cartoon. Une sorte d'Adam Sandler musclé et plus ou moins crédible qui s'amuse à rendre hommage à la Sainte Trinité du film d'action : Arnold Schwarzenegger avec ses biceps exagérés, Sylvester Stallone dans sa façon de marmonner avec sa voix nasillarde et Bruce Willis pour la coupe de cheveux. À ses côtés se trouvent Eiza Gonzalez dans un rôle inimaginable à l'ère du #metoo, Lamorne Morris en nerd de service (une pâle copie de Simon Pegg dans les Mission: Impossible) et le toujours savoureux Guy Pearce dont la seule présence rappelle immédiatement Memento, cet immense opus qui possède plus d'une chose en commun avec cette production.
En cas de succès, d'autres icônes provenant de l'univers de Valiant trouveront sûrement leur chemin jusque sur les écrans de cinéma, comme Harbinger et Faith. Pourtant Bloodshot ne ressemble qu'à un ersatz de ce qui a été vu et fait des centaines de fois. Il faut bien plus qu'un concept prometteur pour qu'une oeuvre devienne intéressante, réussie ou seulement divertissante.