Charlize Theron n'a rien à envier à Angelina Jolie et Scarlett Johansson dans Atomic Blonde où elle botte le cul des truands avec beaucoup de classe.
On le savait déjà qu'elle était capable de se dresser contre l'adversité grâce au royal Mad Max: Fury Road. C'est son personnage complètement éteint de méchante dans The Fate of the Furious qui nous avait fait douter. Elle crève ici l'écran en agente secrète qui utilise sa force, ses armes et sa grande beauté pour mener à terme sa mission. Un rôle physique éclatant dont la froideur incarnée lui permet d'être encore plus violente, imprévisible et même sexy lors d'une scène torride avec une collègue de terrain. Une séquence lubrique qui n'a rien à envier au moment, plus troublant, de The Devil's Advocate qui l'a révélée au grand jour.
On s'attend d'ailleurs à voir débarquer à chaque instant son partenaire de l'époque Keanu Reeves. Atomic Blonde ressemble comme deux gouttes d'eau à John Wick, autant au niveau des bagarres que des néons et de l'humour niais. C'est l'émergence de sa petite soeur qui est à nouveau mise en scène par David Leitch (coréalisateur du premier tome et qui planche actuellement sur Deadpool 2) et qui a bénéficié du même soin esthétique quasi fétichiste. Sa réalisation tapageuse et tape-à-l'oeil séduit dans un premier temps avant d'agresser un peu par la suite par sa mécanique qui ne change jamais d'un iota. Elle débute par l'utilisation d'un classique musical - New Order, Depeche Mode, The Clash, David Bowie - pour l'intégrer au récit, avant de diminuer la cadence afin de revenir triomphante à la fin avec de la musique dans le tapis. Il y a même un clin d'oeil à Fight Club dans cette façon de brûler la pellicule.
Tout dans ce film relève du style, de la parure. Le goût prononcé pour la fin des années 80 amène une recréation qui rendra tout bonnement nostalgique. Il s'agit d'une adaptation d'un roman graphique et cela paraît dans chaque plan. Un peu trop, justement, ce qui empêche le long métrage de respirer convenablement comme pouvait le faire un Sin City. Les scènes d'action, décoiffantes au possible, se savourent comme un jeu vidéo et il y a deux morceaux d'anthologie. Le premier est un combat féroce de la protagoniste pendant la projection du chef-d'oeuvre Stalker d'Andreï Tarkovski. Plus loin l'héroïne survit longuement à l'écran dans un impressionnant plan-séquence de fureur et d'hémoglobine. De quoi demeurer béat même si on a déjà vu tout ça récemment dans Baby Driver, John Wick: Chapter 2 et The Villainess. Côté suspense, il ne faut pas s'attendre à un Dunkirk non plus.
Cette poudre aux yeux ne sauve évidemment pas l'intrigue moribonde et sans saveur, qui emprunte autant à James Bond qu'à Jason Bourne. Cette histoire d'espionnage simpliste à l'extrême ferait passer les aventures de John Le Carré pour du Schopenhauer moderne. Le contexte historique et politique - le mur de Berlin est sur le point de s'écrouler - n'est qu'un prétexte à une enfilade de coups de poing. Si l'on n'espère pas nécessairement du Shakespeare, la tonne de clichés sur des trahisons infinies refroidit ardemment les ardeurs. Surtout que l'effort qui s'étire sur près de deux heures aurait pu être amputé d'au moins 30 minutes. Cela aurait rendu l'ensemble moins répétitif et laborieux, tout en lui donnant un véritable souffle dramaturgique.
Vide et clinquant, stupidement divertissant jusqu'à l'essoufflement, Atomic Blonde risque de débuter une nouvelle franchise au féminin en misant sur l'action à plus finir. Moins amusant que Wanted mais beaucoup plus stimulant que Salt, on pourra y voir là un plaisir coupable pleinement assumé qui fera assurément son plein de fans rapidement.