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Jolie coquille vide.
Hormis « 12 years a slave », on ne peut pas dire que Steve McQueen soit un cinéaste qui nous ait convaincus; question de goût. Pas que ces films soient mauvais, mais plutôt prometteurs dans la proposition et décevants ou trop particuliers dans l’exécution. De « Shame » à « Les Veuves », ce fut souvent le cas, et ce « Blitz » ne déroge pas à cette règle malheureuse. Pourtant, encore une fois, voilà un sujet ô combien passionnant auquel il nous convie : celui du fameux Blitz durant le Seconde Guerre Mondiale où les avions nazis bombardaient la capitale anglaise toutes les nuits. D’ailleurs à ce niveau, et même si on n’est pas dans une vision ultra spectaculaire à la « Pearl Harbor » de Michael Bay, McQueen livre une copie impressionnante. Lesdites séquences de bombardement et de destruction de bâtiments sont immersives et parfaitement négociées. La scène du bal ou celle du métro inondé sont fabuleuses. Et cela rejoint un peu la mise en scène du long-métrage qui se révèle somptueuse et irréprochable. La photographie est magnifique et, de la reconstitution en passant par la confection des plans et la texture de l’image, c’est un carton plein parfaitement maîtrisé. « Blitz » est donc formellement une réussite indéniable qui flatte l’œil durant près de deux heures et sans aucune faute de goût. Néanmoins, sans être un pur exercice de style, il est ce qu’on peut appeler une (très) jolie coquille vide. En effet, le reste, en l’occurrence le fond, n’est pas du tout fait du même bois. Si on apprécie que la question raciale soit traitée, elle apparaît calquée sur le film de manière maladroite. Et si elle ne faisait pas partie du script, cela n’aurait pas changé grand-chose. Et c’est peut-être cette insistance à vouloir parler de racisme dans ce contexte qui parasite le film alors que le sujet est pourtant passionnant. Le script de « Blitz » suit une trame qui mélange une sorte de « Oliver Twist » pour sa partie avec l’enfant et plus classique quand on suit sa mère. Le noyau du film est donc essentiellement concentré sur leurs retrouvailles et manque quelque peu de consistance. L’enjeu est simple et unique. De plus, certains développements sont parfois hasardeux et peu crédibles comme la partie avec les voleurs. Ensuite, l’écriture des personnages est peu concluante et ils s’apparentent à des ombres, à la psychologie mal creusée. Par conséquent on ne s’y attache pas vraiment et impossible d’être véritablement émus par leur sort. Quant aux seconds rôles, comme celui d’Harris Dickinson, ils sont littéralement sacrifiés. Si l’acteur a droit à cinq répliques c’est bien, comme si ses scènes avaient été coupées au montage final. On est donc face à une œuvre impeccable sur le plan esthétique mais tristement inaboutie et peu réussie sur le fond. Surtout qu’un tel sujet autorisait un souffle épique et une décharge émotionnelle immense qui sont aux abonnés absents ici. Ou quand la forme prend totalement le pas sur un fond très imparfait et gâche le long-métrage de manière assez importante.
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