Snow White and the Huntsman possède plusieurs éléments intéressants et de nombreux éléments non pertinents sur lesquels il vaut la peine de se pencher. Mais d'abord : qui a initié cette tendance discutable de faire de toutes les princesses des badass qui n'ont pas besoin de princes charmants pour les défendre? Est-ce Fiona de Shrek avec ses coups de pieds à la Trinity? Trinity elle-même? ou devons nous remonter encore plus loin dans la cinématographie populaire pour trouver le personnage féminin qui a changé l'image de la belle et fragile princesse qui nourrissait nos rêves d'enfants? Entendez-moi bien, je n'ai rien, bien au contraire, contre des personnalités féminines fortes qui encouragent la jeunesse à se dépasser, mais deux Blanche-Neige (probablement d'ailleurs l'une des princesses les plus fragiles et naïves de la littérature) dans le même trois mois qui décident de porter l'armure et de reprendre le trône que leur horrible belle-mère leur a impunément volé, c'est beaucoup, et ça n'aide en rien à la crédibilité de la chose/du film...
Les premières images de Snow White and the Huntsman nous promettaient des effets spéciaux à la hauteur de la technologie des dernières années et de l'univers fantastique associé à Blanche-Neige et les sept nains. L'engagement informel fut grandement respecté puisque la qualité graphique s'avère impeccable. Des costumes aux combats en passant par les transformations et l'inquiétante forêt enchantée (qui est d'ailleurs d'un esthétisme tellement plus réussi que celle de Mirror Mirror que c'est presque honteux), rien n'est visuellement laissé au hasard. Les soldats de l'ombre qui cassent, se brisent, plutôt que de simplement mourir bêtement comme le font les Hommes sont fort ingénieux et la manière choisie par l'équipe artistique pour représenter le miroir magique (un semblant de bouclier doré dont émerge un spectre qui répond à son interlocutrice) est également brillante.
On a choisi de s'éloigner à plusieurs endroits de l'histoire originale. Au-delà de cette princesse habile à l'épée qui élabore des discours inspirés et cache son amour pour un chasseur alcoolique, la méchante belle-mère - interprétée, il faut le dire, avec justesse par Charlize Theron - a maintenant un frère, qui est aussi son bras droit, et retire, grâce à ses pouvoirs magiques, la jeunesse des adolescentes du royaume. Blanche-Neige a également un ami d'enfance, nommé William, dont l'utilité dans le récit est plutôt nébuleuse. Bien que Kristen Stewart nous ait prouvé par le passé - avant Twilight - qu'elle possédait de véritables talents d'actrice, ce n'est pas dans Snow White and the Huntsman que les sceptiques seront confondus. Elle emprunte la même expression dépourvue d'émotion qu'elle prête à Bella et ne nous donne ainsi jamais la chance d'être empathiques envers son héroïne et de l'apprécier à sa juste valeur.
Les 127 minutes que dure le film ne sont pas trop longues, elles sont simplement mal utilisées. Certains passages s'étirent inutilement (notamment lorsqu'elle tente de s'échapper de la forêt enchantée et rencontre d'innombrables obstacles) alors que d'autres semblent avoir été bâclées (elle est endormie, empoissonnée par la pomme, environ 10 minutes).
Snow White and the Huntsman est une adaptation intéressante du célèbre conte de fées, mais manque certainement d'équilibre et rigueur de pour qu'on s'en souvienne longtemps. Mais bon, c'est quand même fort plus pertinent que l'insensé Mirror Mirror; si ça peut être considéré comme une qualité suffisante à vos yeux...