Marvel se trompe rarement. Ses films (bien qu'on en ait un peu marre des superhéros) arrivent toujours à convaincre le grand public. Mais, en de très rares occasions, la MCU se laisse emporter par l'émotion. La suite de Black Panther avait évidemment une signification particulière pour l'entreprise, comme l'acteur qui interprétait T'Challa, Chadwick Boseman, est décédé d'un cancer du côlon en 2020. Ce nouvel opus n'était donc pas qu'un divertissement au même titre que les autres, ce devait être aussi un hommage posthume à un membre de la famille Marvel. On a donc octroyé une pression immense sur ce long métrage. Et, parce qu'on le voulait un symbole, on l'a fait bien trop long.
Deux heures quarante-et-une minutes, c'est beaucoup trop long, et ce, même si Black Panther: Wakanda Forever ne possède aucun temps mort. Deux heures quarante-et-une minutes infatigables de combat spectaculaire, c'est excessif. Par contre, une fois qu'on retire la durée de l'équation, on constate que le film, quoique moins édifiant que le précédent, comprend un grand nombre de qualités.
D'abord, il ose mettre les femmes à l'avant-plan. Black Panther: Wakanda Forever ne présente pas une, mais bien quatre femmes fortes et inspirantes en tête d'affiche. La première est l'héritière du trône de Wakanda, la seconde, la cheffe des troupes armées, la troisième, une jeune scientifique de Cambridge et la dernière, la reine mère. Dans cette nouvelle aventure, Wakanda découvre l'existence d'un peuple sous-marin qui possède, lui aussi, du vibranium. Comme les Américains ont découvert son existence et menacent sa sécurité, ses habitants veulent attaquer le monde entier pour les empêcher de mettre la main sur leur précieuse ressource. Ils aimeraient bien que les Wakandais les aident dans cette mission, mais ces derniers résistent. Ainsi, les deux peuples, très puissants, deviendront ennemis et seront amenés à s'affronter.
Esthétiquement, ce nouveau film est époustouflant! Qu'on soit dans les airs ou au fond de la mer, toutes les images sont renversantes. Oui, on aura une pensée pour la ressemblance entre les créatures des profondeurs de ce Black Panther et les Na'vi d'Avatar et on aura aussi l'impression, à certains moments, de voir la Femme chat et même les extraterrestres de Prédateur, mais on fait vite fi de ces références tellement la qualité du visuel de synthèse créé par les talentueux artistes de Marvel est exceptionnelle. La trame narrative - et ses (trop?) nombreuses ramifications - est intéressante, mais pas extraordinaire et l'humour, qui a toujours été un élément fort dans les productions de Marvel, manque de poigne.
Le deuil est au coeur de cette oeuvre qui, tout compte fait, s'avère puissante pour ceux qui sauront l'accueillir dans son tout. Il s'agit d'un deuil pour les personnages d'abord, mais aussi pour les acteurs et le public. Rares sont ces productions qui peuvent se vanter d'être aussi multidimensionnelles. Ryan Coogler livre un film complet, mais sur lequel on a peut-être mis un peu trop de pression.