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Birdgirl.
On avait laissé nos souvenirs d’Andrea Arnold avec le magnifique « American Honey » tourné aux USA et sorti il y a déjà bientôt une décennie sur les écrans. Une déflagration faite film qui plongeait au milieu des oubliés du rêve américain en plein cœur de l’Amérique profonde et qui transcendait son cinéma social et ultra réaliste de manière flamboyante avec un très beau road-movie. Depuis, elle a tourné des séries et un documentaire (« Cow »). La cinéaste britannique revient ici à sa terre natale d’Angleterre pour une nouvelle œuvre de fiction dans la même veine que « Fish Tank » mais en beaucoup moins réussi. Le jury de Cannes ne s’y est pas trompé avec celui-ci puisque le film n’a pas marqué les esprits et est reparti bredouille de la compétition officielle. Et, en effet, ce long-métrage restera probablement parmi un opus mineur de sa filmographie.
Pourtant, fait rare pour la réalisatrice, elle prend deux acteurs connus pour entourer les novices. Barry Keoghan, un acteur qui monte de plus en plus et qui nous a livré deux prestations de taille complètement dingues les deux années précédentes (l’une en simplet d’un petit village irlandais au début du siècle passé dans le chef-d’œuvre « The Banshees of Inisherin » et l’autre en jeune loup - et rôle principal - faisant le chien dans un jeu de quilles au sein de l’aristocratie du début de ce siècle dans le magistral « Saltburn »), est ici encore une fois exemplaire et investi. On attend sa prestation en Joker impatiemment dans les prochains « Batman » de Matt Reeves. Quant à l’acteur polyglotte Franz Rogowski, pourvu d’un handicap guttural reconnaissable, il est parfait dans ce rôle étrange et presque onirique. À l’instar de la jeune actrice principale du film qui se révèle d’un naturel désarmant. D’ailleurs, si elle continue dans la voie de la comédie, on devrait entendre reparler de Nykiya Adams. Vous l’aurez donc compris, ce sont les acteurs qui font le sel de « Bird » et limitent la casse.
Certes, Arnold sait toujours aussi bien filmer le prolétariat et le milieu défavorisé mais version trash, loin des classes sociales pauvres filmées par son compatriote Ken Loach. Il y a un regard bourré d’acuité et même d’empathie envers ces laissés pour compte d’un monde capitaliste de plus en plus féroce. Mais « Bird » ne se veut pas un film social, plus un récit d’apprentissage déguisé en œuvre sociale. Cependant, le film est long, beaucoup trop long, pour ce qu’il a à raconter et il manque indubitablement d’un fil narratif et d’enjeux clairs. Il aurait, malgré cela, pu être sympathique mais l’incursion d’une sorte de fantastique entre l’onirisme et le féérique dans la dernière partie achève de faire du nouveau long-métrage d’Andrea Arnold, un film tout à fait dispensable et pas spécialement mémorable. Et il faut avouer que parfois, entre deux séquences plus prenantes, on est au bord de l’ennui poli...
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