Welcome to Marwen fait probablement partie des plus grandes déceptions de 2018. Non parce qu'il s'agit du pire film de l'année, mais parce qu'on avait tellement d'attentes pour ce drame/conte ludique de Robert Zemeckis pour finalement constater que l'oeuvre n'arrive pas à nous convaincre, allant même jusqu'à nous décevoir.
Cette histoire, inspirée de faits réels, était pourtant très cinématographique. Pour se remettre d'avoir été battu presque à mort par un groupe de jeunes hommes après avoir avoué qu'il aimait porter des souliers de femmes, le dessinateur Mark Hogancamp a créé un monde nommé Marwen, où des poupées vivent des aventures extraordinaires dans une Belgique en pleine Seconde Guerre mondiale. Chacune des demoiselles qui peuplent son univers imaginaire est inspirée des femmes de sa vie, de sa voisine à son aide-soignante en passant par sa collègue.
Les effets visuels sont incroyables. Lorsqu'on se retrouve plongé dans le monde de Marwen, les poupées se déplacent de façon humaine tout en conservant leurs allures artifcielles. Les ressemblances entre les personnes réelles et leurs homologues miniatures sont stupéfiantes. Ce n'est donc pas au niveau de l'esthétique de l'image que le bât blesse, c'est davantage du point de vue du scénario. L'histoire de Mark et son alter ego, le capitaine Hogie, n'est pas suffisamment accrocheuse pour nous envouter. Où le cinéaste voudrait qu'on rie, nous sommes mal à l'aise, et où il voudrait qu'on pleure, nous sommes encore plus mal à l'aise. Zemeckis n'a pas su jouer adéquatement avec les cartes qu'il avait entre les mains et nous livre ici un désastre émotionnel.
Son protagoniste, Mark Hogancamp, n'arrive malheureusement pas à toucher le coeur du public et ce n'est pas la faute du comédien qui s'investit corps et âme dans son interprétation. Bien qu'il s'est fait connaître en tant qu'acteur comique, on sait aujourd'hui que Steve Carell possède le talent nécessaire pour assumer de grands rôles dramatiques. Il a octroyé à son personnage une tendresse naïve qui le rend à la fois fragile et beau, mais ses efforts ne sont malheureusement pas suffisants pour épargner à l'oeuvre un échec.
Le long métrage souffre également de sa lenteur inhérente. Welcome to Marwen reste dans la contemplation et s'enlise dans sa propre mélancolie. La production aurait dû trouver son rythme à un moment où à un autre et faire évoluer son protagoniste comme il se doit, mais elle reste stagnante, anesthésiée par son spleen. Ce dernier est d'ailleurs contagieux et on ressort de la salle habité par cette morosité persistante qui, tristement, définit l'oeuvre de Zemeckis.