Rarement un film aussi touchant aura osé tant de nouvelles choses. L'intégration intelligente d'images virtuelles dans un film ajoute une nouvelle dimension pleine d'empathie à la psychologie d'un personnage crédible et bien défendu par Greg Timmermans. Une esthétique documentaire vient aussi ajouter à l'impact dramatique extrêmement puissant de cette histoire tragique. C'est presque une recette, au fond, mais qui est si bien appliquée ici que le résultat est touchant et stimulant pour l'esprit et les sens.
Le jeune Ben est la cible des railleries de ses camarades de classe parce qu'il est légèrement autiste. Il se réfugie dans le monde virtuel de son jeu vidéo favori, Archlord, où il fait la connaissance de Scarlite, une jeune fille qui le comprend mieux que quiconque même s'ils ne se sont jamais vus. Un jour qu'il est battu et humilié par les deux petits tyrans de son école, Ben envisage de se venger. Heureusement qu'il lui reste Scarlite...
Ancien critique de cinéma, Nic Balthazar a d'abord publié un livre, inspiré d'un fait divers tragique, racontant l'histoire de Ben X (en néerlandais, Ben-« niks », rien) avant d'adapter l'histoire pour le théâtre et pour le cinéma. Sa transposition visuelle tire grand profit de la technologie en intégrant, directement dans l'histoire, des images de jeux vidéo. Attendrissant au premier abord, l'effet devient littéralement saisissant quand Ben s'habille dans la salle de bain ou quand il s'imagine dans son jeu face à ses ennemis réels. Puissant et imaginatif.
Dans la construction même de son récit, Balthazar se permet de bifurquer des trames narratives conventionnelles. Bourré de messages (des statistiques au simple message d'espoir), Ben X n'est pas toujours là où on l'attend. Les personnages s'adressent directement à la caméra dans ce qui semble être un documentaire. Des commentaires intelligents, sérieux et respectueux qui ne servent pas qu'à faire pleurer. On parle parfois de films - un peu naïvement d'ailleurs - qui « montrent » ou « démontrent comment c'est dans la vraie vie », pour un autiste, par exemple. Les principaux concernés sont souvent les premiers choqués; ce n'est pas ce que Ben X tente de faire lorsqu'il évite la complaisance et le misérabilisme qui font fuir l'émotion par la grande porte. Ici, le réalisateur et son acteur principal, au diapason, s'assurent de demeurer crédibles et sérieux.
Balthazar ne fait pas que toucher une corde sensible, il y va d'un véritable solo de guitare; son film est adapté aux jeunes, s'adresse à eux et aborde des thèmes importants comme le suicide et l'intimidation. Une vision mature, qui ne prend pas les adolescents pour des enfants et qui n'est surtout pas moralisateur ou didactique. Le dénouement, à ce titre, touchera plus que sa part de spectateurs. Difficile de dire, cependant, si cette tristesse incontrôlable est due à la compassion qu'on éprouve pour le jeune Ben ou à la culpabilité...
Rarement un film aussi touchant aura osé tant de nouvelles choses. L'intégration intelligente d'images virtuelles dans un film ajoute une nouvelle dimension pleine d'empathie à la psychologie d'un personnage crédible et bien défendu par Greg Timmermans. Une esthétique documentaire vient aussi ajouter à l'impact dramatique extrêmement puissant de cette histoire tragique. C'est presque une recette, au fond, mais qui est si bien appliquée ici que le résultat est touchant et stimulant pour l'esprit et les sens.