Les enfants sont de tout temps un public idéal : ils se renouvellent constamment (d'autant que pour eux, toutes les histoires sont relativement inédites) et ils doivent toujours être accompagné d'un adulte, qui lui doit payer son billet au plein prix. Mais ça fait tellement plaisir de les voir sourire... non vraiment, c'est un public idéal, qui va être en congé scolaire bientôt, il paraît. Pas étonnant, donc, de voir arriver cette mise à jour d'une série télévisée française des années 60 sur nos écrans, à l'aube de la semaine de relâche. Rien, mais vraiment rien d'étonnant...
Pas étonnant non plus de voir le parti pris préconisé par le réalisateur Nicolas Vanier, celui de raconter cette histoire à hauteur d'enfant. À partir de là, c'est une question de perception : Puéril ou innocent? Simpliste ou bienveillant? Moral ou bêtement naïf? Disons que le contexte historique, transposé à la Deuxième Guerre mondiale pour l'occasion, est simplifié au maximum afin que le tout demeure très propre et très accessible, de même pour les enjeux ou la propreté du chien. Ce type de film qu'on croit apprécier par défaut, parce qu'il n'y a pas de vraie raison de ne pas l'aimer.
Il n'y a pas que le contexte; le récit, misant sur des lieux communs, ne propose pas grand-chose qui ne soit pas inoffensif, poli, convenu. Les entorses à la logique sont nombreuses et permettent souvent au récit de se sortir d'un cul-de-sac qui créait un faux enjeu. Croyez-vous vraiment que le chien y passera? Et les chansons sont absolument risibles.
Les acteurs se tirent bien d'affaire dans les circonstances, incluant le petit Sébastien, Félix Bossuet, considérant que le jeu ne surpasse jamais en importance la présence de ce gros chien blanc et des paysages grandioses (qui n'ont jamais été une « qualité » au cinéma).
Tout ici est conçu pour l'enfant. C'est un film pour lui uniquement. Si le parent s'emmerde pendant 90 minutes, ça n'a pas beaucoup d'importance, car le seul facteur à considérer, c'est de voir si l'enfant apprécie. C'est tout à fait plausible que oui, vu les qualités techniques du film et son artisanat tout à fait acceptable. Sauf qu'il est difficile d'imaginer que Belle et Sébastien marque suffisamment sa mémoire pour qu'il rejoigne les futurs grands classiques de cette génération.
Belle et Sébastien est un autre de ces cas insolubles pour la critique où s'opposent les conceptions du cinéma : doit-il servir à divertir les enfants, à oublier son quotidien, ou doit-il être une manifestation artistique? On espère que depuis le temps, vous savez de quelle école ce rédacteur se réclame.