Belle de scène est un film sentimental classique déguisé sous un film d'époque. Résolument moderne dans ses acteurs et dans ses thèmes, le film s'essouffle rapidement. Parce que ses acteurs sont agréables, mais que ses thèmes sont mal exploités, Belle de scène mérite tout juste la note de passage.
Le nouveau film de Richard Eyre (réalisateur du film Iris, nommé aux Oscars pour ses acteurs) est adapté d'un livre de Jeffrey Hatcher, qui est ici scénariste, et tourne autour des thèmes chers à Shakespeare In Love, la définition sexuelle des rôles et la place de la femme, entre autres. Malheureusement, si la direction d'acteur semble efficace, le rendu visuel et le discours manquent d'expérience dans leur mise en place.
Richard Eyre est un metteur en scène de théâtre très apprécié, et son passé est tout à fait perceptible dans sa réalisation. Comme il le mentionne lui-même, au théâtre, il n'y a qu'un plan (très général), qu'un point de vue et il ne change jamais. S'il ne change pas de lieu, il s'applique néanmoins à faire tout le contraire : ses plans son rapprochés et le montage est très présent, sans doute pour se séparer de son passé de metteur en scène. Évidemment, avoir un passé théâtral n'est pas que négatif, il a su apprendre comment bien diriger les acteurs. C'est probablement la partie la plus intéressante de Belle de scène, lorsque son humour qui tombe à plat et son histoire plutôt simpliste s'étiolent tandis que le film progresse. Eyre est cependant beaucoup plus habile pour le jeu d'acteur que pour le rendu visuel qui est sans éclat, fade, d'autant qu'il rate plusieurs belles occasions de démontrer son sens artistique.
Le film se déroule en Angleterre sous Charles II, pendant l'interdiction royale pour toute femme de jouer dans un théâtre public.
Les acteurs, donc, avec en avant-plan la prestation d'un Rupert Everett burlesque, ont des réactions et des idées trop modernes pour leur époque. Une décision du réalisateur qui s'explique mal, mais qui pourrait permettre au film de rejoindre un plus grand public. Billy Crudup, dans le rôle de Ned Kynaston (le dernier homme à jouer une femme au théâtre) est efficace et sensible, nuancé dans sa dualité sexuelle. Claire Danes n'est pas éclatante, elle rappelle vaguement ses rôles passés, mais n'est certes pas désagréable non plus. Les nombreux personnages secondaires sont les mieux personnifiés (par Tom Wilkinson, Hugh Bonneville, Richard Griffiths et Zoë Tapper) car ils ajoutent de la crédibilité à l'ambiance et au bon déroulement du récit.
Ce récit, d'ailleurs, qui semble par moment fort peu crédible – une séquence, entre autre, où Maria (Claire Danes) confesse avoir enfreint la règle royale au roi lui-même, sans jamais s'inquiéter des conséquences – reste terriblement monotone et agaçant, alternant les simples reconstitutions historiques et les exposés malhabiles sur la place de la femme dans la société. Il agace effectivement parce que, lorsque le film tente d'exprimer un message, il manque de raffinement et de subtilité.
En plus de ses défauts scénaristiques et de sa réalisation incomplète, Belle de scène souffre de quelques failles techniques importantes, en plus de manquer cruellement de souffle, de vigueur enflammée, peut-être même de passion.
Belle de scène est un film sentimental classique déguisé sous un film d'époque. Résolument moderne dans ses acteurs et dans ses thèmes, le film s'essouffle rapidement. Parce que ses acteurs sont agréables, mais que ses thèmes sont mal exploités, Belle de scène mérite tout juste la note de passage.
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