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Hollywood 1953
Connu davantage pour ses scénarios réputés en or massif (de l’immense « The Social network » qui lui a d’ailleurs valu un Oscar à « Steve Jobs »), Aaron Sorkin s’était essayé à la mise en scène il y a quelques années avec un excellent thriller dans le milieu des tournois de poker porté par Jessica Chastain, « Le grand jeu ». Puis il s’est tourné vers Netflix pour le moins emballant « Les 7 de Chicago » qui revenait sur cet illustre procès dans les années 70. Ici, il s’attaque aux coulisses du tournage de l’un de soaps les plus célèbres de toute l’histoire de la télévision américaine et à ses deux stars. Précisons que, même si cela n’a rien à voir avec la qualité du film, « I love Lucy » est un programme totalement inconnu au bataillon en France. Ce qui amenuise quelque peu l’intérêt que l’on peut avoir pour « Being the Ricardos ». C’est comme si on présentait aux américains les coulisses de « Plus belle la vie ». Pas sûr que cela les passionne...
Ceci posé, Sorkin fait le choix malin de se concentrer sur une semaine charnière dans l’histoire de ce show et de la vie de ses deux acteurs principaux, un couple joué par Nicole Kidman et Javier Bardem. Les deux sont irréprochables avec une mention pour madame qui aurait juste dû dire non aux prothèses de maquillage. En effet, entre sa chirurgie esthétique personnelle et les grimages censés la faire ressembler à Lucille Ball, on est dubitatif. Heureusement que la star est bonne comédienne et parvient à faire passer émotions et expressions malgré ce ravalement de façade! Ce choix hasardeux ne sert en rien « Being the Ricardos » mais plutôt le dessert... Comme si les prothèses était un raccourci ou un passage obligé pour les Oscars. La preuve, l’actrice a bien dérocher une nomination pour ce rôle! Sinon, on apprécie toujours les dialogues aux petits oignons concoctés par Sorkin, un vértiable orfèvre en la matière, ainsi que toutes les anecdotes sur Hollywood surtout, son monde et ses tournages, mais aussi sur cette série. Cet aspect parfois documentaire, instructif et très dense (trop peut-être) enchantera les cinéphiles.
Mais et il y a un gros mais : « Being the Ricardos » part un peu dans tous les sens au niveau des thèmes et sujets traités et on se demande si une mini-série n’aurait pas davantage rendu hommage à ce show et ses acteurs tout en étant un format plus adapté à l’histoire narrée ici. A vouloir trop en mettre, cette œuvre apparaît parfois brouillonne. Entre les aspirations de l’actrice à devenir une comédienne sérieuse, la chasse aux sorcières concernant les communistes (la partie la plus intéressante et paradoxalement celle plus mise de côté) ou encore les problèmes privés du couple star, deux heures ne suffisent pas pour approfondir tous ces sujets. Et le film de n’en choisir véritablement et malheureusement aucun. Cette impression de survoler ou d’assister à une sorte de making-of interdit du show persiste et n’est pas forcément bonne. On ne s’ennuie pas, on prend plaisir même parfois, mais un tel projet (avec ses interviews de vrais participants au show intégrés au montage...) sent la fausse bonne idée. Et surtout le film de niche destiné à une toute petite catégorie de spectateurs. Sorkin est sur le déclin qualitatif avec son troisième film, espérons que le quatrième soit meilleur ou qu’il se consacre à l’écriture.
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