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Greek run.
Voilà une proposition de film d’action peu commune et qui ne plaira pas à tout le monde par son caractère sec, presque austère et hors du temps alors que le fond de l’histoire est paradoxalement et éminemment actuel. On croirait presque à un film d’action d’auteur, chose plutôt rare et à priori antinomique mais que ce « Beckett » tend à contredire. Passé une entame inintéressante et quelque peu longuette, qui voit un couple d’américains prendre des vacances dans le nord de la Grèce en hiver, survient un événement tragique qui va faire dévier le film vers une chasse à l’homme de près d’une heure et demie comme on en voit peu (ou comme on n’en a pas vu depuis longtemps). Loin des canons hollywoodiens du genre favorisant les explosions, les séquences spectaculaires à la limite du vraisemblable et les bastons armées ou à mains nues, on préfère ici le réalisme, le plausible et la tension permanente.
Alors bien sûr il y a bien des scènes impressionnantes comme cette poursuite à flanc de falaise ou encore ce combat en voiture inopiné mais le but de « Beckett » n’est pas d’en mettre plein la vue à tout prix mais plutôt de nous brancher sur un qui-vive perpétuel en plus de nous questionner sur le pourquoi du comment. Malheureusement, on trouve dommage que le long-métrage fasse le choix d’être finalement plutôt nébuleux sur le fin mot de l’histoire et de nous laisser sur plusieurs pistes possibles quant aux ramifications de tout ce qu’il s’est déroulé. Pas que le film finisse en queue de poisson ou que l’on ne comprenne rien, mais il demeure pas mal de zones d’ombres que certains déploreront et dont nous faisons partie. Autre petit bémol, si la fin est rythmée au possible et captivante, il faut passer outre certaines facilités quant au caractère d’action man soudain réveillé de notre personnage principal avec, comme cerise sur le gâteau, un saut dans le vide sur une voiture de trop. Le sensationnel avait été laissé de côté jusque-là, ce qui rend les dix dernières minutes un peu too much.
John David Washington est plutôt crédible en quidam poursuivi quand Alicia Vikander et Vicky Krieps font de la figuration. Mais ce qui rend « Beckett » peu commun c’est bien son contexte et l’atmosphère qui s’y infuse. Le décor de cette Grèce hivernale et rurale, très loin des clichés balnéaires, est un décor de choix, rare et unique pour une chasse à l’homme, et cela donne beaucoup de cachet à cette œuvre originale. Ensuite, le fond politique fortement inspiré des remous économiques et politiques vécus par le pays dans la décennie passée lui donne un sous-texte engagé du meilleur goût. Contre le système capitaliste et la corruption, même si comme on l’a dit plus haut, la résolution de l’intrigue reste vague à ce sujet. Pourtant, fondre le script dans ce cadre spatio-temporel et social est une qualité non négligeable pour un divertissement de la sorte. Un film d’action qui sort des sentiers battus donc et qui captive si l’on veut bien se laisser emporter par ses poses particulières, son côté anti-spectaculaire sur les trois quarts de sa durée et ses errements de films indépendants. Presque une curiosité.
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