Collateral Beauty fait partie de ces oeuvres qui m'insultent et m'exaspèrent. Celles qui veulent tellement tirer des larmes à son public, qu'elles sont prêtes à faire les pires sacrifices, même celle de sa cohérence narrative et du respect de sa mythologie. Parler de la mort d'un enfant de six ans et du deuil déchirant de son père n'est pas jouer selon les règles, c'est de la triche. Bien évidemment que je vais pleurer si on me montre des parents en déconfiture suite au décès inopiné de leur fillette... Ce n'est pas la première fois que je me fâche sur ce sujet - on se souviendra de l'épisode « Miss You Already » -, mais pleurer pour des films qui n'en valent pas la peine m'irrite au plus haut point.
Les ficelles de cette histoire sont tellement grosses qu'on les entrevoit même dans la bande-annonce. Après avoir vu la publicité de 30 secondes à la télévision, on peut déjà prévoir la fin - à Central Park sous une musique mélancolique - de ce mélodrame plaintif et fastidieux. Le film possède quand même quelques tournants plus surprenants (laissons à César, ce qui revient à César), mais rares sont les dénouements dont on n'avait pas déjà calculé l'issue. Et ce n'est pas nécessairement parce que les prémisses sont insipides; un homme en deuil qui rédige une lettre à l'amour, au temps et à la mort et des collègues désespérés et aimants qui décident d'engager des comédiens pour jouer ces entités afin de forcer leur ami à confronter ses démons n'est pas un postulat sans intérêt, et pourtant, la chose tombe rapidement dans l'ennui et le cliché.
Will Smith, flegmatique, n'est pas convaincant dans le rôle principal. On comprend que son personnage vit des moments très difficiles, mais on a du mal à percevoir la peine dans son regard placide. Les interprètes de l'amour, du temps et de la mort (Keira Knightley, Helen Mirren, Jacob Latimore) sont un peu plus persuasifs, mais, encore là, les textes convenus d'Allan Loeb (Just Go With It, San Andreas) ne leur permettent pas de s'illustrer outre mesure.
Les morales de «croissance personnelle» (trouvez la beauté cachée derrière le malheur) nous sont enfoncées dans la gorge avec bien peu de délicatesse. Ici, les leçons maladroites sont notre sentence et les métaphores cousues de fil blanc sont notre bourreau. L'amour est partout, la mort est inévitable et le temps est une perception. Voilà. Inutile maintenant d'aller voir le film.
Dans 3 ans, quand Collateral Beauty sera diffusé un 23 décembre à TVA, on parlera probablement d'un « beau p'tit film de Noël », mais en 2016, alors qu'il faut dépenser 15,50 $ pour le visionner dans les salles sombres, c'est un navet. Tout est une question de perspective.