* Vu au Festival du Film de Toronto
Cela ne fait pas si longtemps que les hommes et les femmes reçoivent le même montant d'argent après avoir remporté un tournoi de tennis de calibre professionnel. Dans les années 70, la joueuse Billie Jean King a lutté pour faire avancer la cause des femmes dans son sport. Le drame biographique Battle of the Sexes s'intéresse à l'histoire de cette féministe engagée et inspirante, plus précisément à ce match qu'elle a livré avec Bobby Riggs, un ancien joueur étoile qui voulait prouver que les hommes étaient meilleurs que les femmes.
Bien que Riggs, qui a été champion de tennis à l'échelle mondiale à la fin des années 30, s'amusait à faire des comparaisons offensantes entre les hommes et les femmes pour mousser sa popularité et attirer l'attention à un moment où il était considéré comme une chose du passé, plusieurs individus dépeints dans ce film tiennent des propos outrageux - et beaucoup plus réfléchis - sur les femmes. Le public féminin sera certainement ébranlé par les remarques misogynes (qu'on n'a aucune difficultés à s'imaginer comme de vrais propos tenus à l'époque) des commentateurs, joueurs ou dirigeants des fédérations.
« L'homme est l'animal le plus fort » - Bobby Riggs
Le match unisexe que se sont livré King et Riggs est l'un des principaux moteurs du film, mais ne dure pas très longtemps à l'écran. Les amateurs de tennis seront probablement déçus de constater que le long métrage est bien davantage un drame biographique qu'un drame sportif. On aurait aimé voir une joute effrénée entre les deux champions, mais les réalisateurs ont plutôt choisi de dépeindre les évènements qui ont mené à cette confrontation déterminante dans l'histoire du tennis au féminin. On s'intéresse donc davantage à l'attirance sexuelle de Billie Jean King pour sa coiffeuse et aux problèmes de dépendance au jeu de Bobby Riggs qu'au le tennis lui-même.
Les réalisateurs arrivent, par contre, à développer une anticipation poignante jusqu'au jour J. On devient impatient de découvrir si la joueuse d'à peine 30 ans sera déclassée par son adversaire phallocrate. Évidemment, ceux qui connaissent déjà l'histoire savent lequel des deux remportera le match, mais, même eux risquent d'être entraînés dans cette intrigante spirale d'évènements.
Emma Stone et Steve Carell livrent de belles et justes performances dans les rôles-titres. Carell arrive à nous rendre sympathique cet homme égocentrique et manipulateur qui rêve de retrouver sa gloire d'antan, alors que Stone offre une interprétation toute en nuances qui nous permet de saisir l'importance du défi que doit relever son personnage et la pression étouffante qu'elle subissait de toute part. Austin Stowell se démarque également dans le rôle du mari compréhensif, tout comme Andrea Riseborough, qui joue une maîtresse convaincante.