J'avais un peu d'espoir quand j'ai vu l'engouement qu'il y avait autour de ce film; tous les billets écoulés en prévente et la conviction qu'on ne pouvait faire pire que Man of Steel - qui m'avait laissé plutôt de glace malgré ses critiques positives - me permettaient de croire à un mirage. Quand les professionnels ont commencé à s'exprimer face à ce nouveau volet des aventures Superman - avec Batman! -, j'ai commencé à m'inquiéter. La plupart étaient irascibles, et parlaient d'un échec notable. Je me suis donc dirigé au cinéma armée de l' espoir que les autres avaient tords et que je découvrirais dans ce blockbuster de 250 millions $ une chose qu'ils n'avaient pas vu. Malheureusement, il n'a fallu que deux minutes avant que mon optimisme ne soit détruit par une inexorable réalité : Batman v Superman: Dawn of Justice est un mauvais film.
Après l'introduction ultra mélodramatique, on croit que les choses s'amélioreront, mais il n'en est rien. Le grotesque devient la norme et on souffre pendant 2h30 la querelle (dont l'origine n'est pas tout à fait bien définie) entre deux surhommes à l'ego démesuré. Lex Luthor, incarné par - le pourtant très talentueux - Jesse Eisenberg, n'échappe pas lui non plus à cette convention. Il en est même le porte-étendard principal. Le jeune héritier machiavélique, ennemi de Superman, semble avoir emprunté des traits de personnalités au Joker ou au Sphinx alors qu'il ressemble ici à un clown fou sur l'acide.
Batman v Superman: Dawn of Justice emprunte des éléments des univers de plusieurs autres films de superhéros sans jamais s'affirmer lui-même dans un style. On croit parfois être au coeur d'un film de X-Men, puis on nous plonge dans une mythologie et une esthétique à la Dark Knight avant de se retrouver avec les Avengers. Certains passages sont tellement sketchy et cartoonesque qu'ils nous rappellent les anciens films de Batman. Le film de Zack Snyder devient rapidement un mélange peu digeste d'une foule d'oeuvres que nous avons déjà vu.
Un bon scénario aurait pu sauver le film de son manque de personnalité, mais il est ici, au contraire, aussi prévisible que ses références. D'abord, la construction est bâclée. On fait des retours en arrière, on nous présente des scènes de rêves (et il y a même des rêves dans des rêves) sans nous prévenir de l'aparté et on nous présente Batman avec un cynisme déplacé.
L'histoire, qui reprend là où on l'avait laissé avec Man of Steel, avant de faire un bond dans le temps de 18 mois plus tard, n'est même pas suffisamment intéressante pour retenir l'attention du public qui, après une heure, en a déjà assez des discordes de ces deux enfants gâtés (qui finissent d'ailleurs par s'allier pour une raison complètement absurde : leur mère ont le même prénom!). Le film s'efforce de toucher à des sujets chauds, notamment l'utilité et l'importance du « héros » dans la société, mais n'exploite jamais ceux-ci convenablement et suffisamment profondément pour en venir à un constat.
Malheureusement, force est de constater que si la Justice League de DC Comics est à l'image de ce film, elle ne sera qu'un Avengers cheap.