Plus sombre, plus sérieux, plus artiste, Batman : Le commencement a tout pour plaire.
Christopher Nolan, responsable du fascinant Memento, remet ça avec un film qui, dans le paysage des films de super-héros actuels, saura certainement faire sa place parmi les plus crédibles. Il a su s'adapter à un nouveau genre, c'est déjà un tour-de-force, et il a même su adapter le genre à l'époque en réalisant un film jeune, mais pas nécessairement pour les enfants, plus près du héros, et visuellement plus rigoureux que les versions précédentes.
Après les deux films de Tim Burton, qui mettaient en vedette Michael Keaton, et les deux films de Joel Shumacher, qui mettaient respectivement en vedette Val Kilmer et George Clooney, c'est à Christopher Nolan et à Christian Bale que les studios Warner ont fait confiance pour faire « renaître » la franchise Batman, morte depuis 1997 et presque oubliée. Un choix qu'on ne peut que seconder après avoir vécu l'expérience Batman : Le commencement, qui n'est pas sans reproche, non, mais qui devient un véritable plaisir à mesure qu'il se développe sous nos yeux. Tous les éléments y sont, d'abord un rythme effréné et des scènes d'action palpitantes, puis un scénario intelligent qui porte une attention toute particulière aux détails.
Les scénaristes Nolan et David S. Goyer auront choisi de présenter l'entraînement de Bruce Wayne, son enfance, ses débuts, ses leitmotive - la crainte des chauve-souris, et ce choix s'avère très professionnel d'autant que le tout est bien écrit, justifiable et logique. Les parents de Bruce – et leur assassinat - prennent une envergure qui était négligée dans les versions précédentes. Le choix du symbole de la chauve-souris est intéressant, l'implication d'Alfred – un Michael Caine en forme – est distrayante. Les dialogues sont bien sûr grandiloquents (en anglais « catchy », la traduction n'existe pas vraiment) mais les phrases touchent effectivement, d'autant que les dialogues sont construits avec rythme et méthode. Dommage que le film se termine dans un excès de romantisme complètement déplacé, une fausse note en fin de parcours qui ne gâche heureusement pas le plaisir général.
Bale enfile littéralement le costume de la chauve-souris, se donnant comme à son habitude entièrement à un personnage complexe, en tout cas plus qu'avant, un véritable combattant de l'ombre qui, sans son costume, est un homme soumis à une routine exigeante. Batman a ce penchant humain qu'il lui manquait. Liam Neeson et Gary Oldman offrent tout deux des performances dignes de leurs réputations, c'est-à-dire en parfait contrôle, même s'il faut admettre que pour deux acteurs de cette trempe, le défi n'est pas énorme.
La réalisation de Christopher Nolan a une faiblesse particulière, celle de filmer maladroitement les combats au corps à corps. Le cadrage est trop serré et le montage trop rapide, il est donc impossible de vraiment saisir l'essence et l'importance de l'affrontement. Sinon, son expérience est palpable à la fois dans la composition des plans que dans leur choix, ainsi que dans l'ambiance gothique de Gotham City.
Batman : Le commencement a su s'adapter à la fois à son l'époque, mais a aussi saisi l'opportunité d'apprendre des erreurs des autres. Il ajoute au mythe de Batman en explorant ses origines, il le rend plus sombre, plus complexe, plus humain.
Si la Renaissance, l'époque, a été une période de renouveau, une cure de jeunesse et une période d'euphorie artistique, on peut baptiser Batman : Le commencement la « renaissance » de la franchise, à cause de ses qualités artistiques, bien sûr, mais aussi de son efficacité à faire oublier les anciens films. Il est de plus en plus évident qu'une suite naîtra et qu'elle impliquera le fameux Joker – aussi le vilain du Batman de Burton en 1989 – et personne ne s'y opposera tellement l'effort est réussi. On en viendra même à attendre avec impatience le retour de la chauve-souris parce que le traitement auquel il est soumis est fonctionnel et intelligent.
Plus sombre, plus sérieux, plus artiste, Batman : Le commencement a tout pour plaire. Un film jeune, mais pas nécessairement pour les enfants, plus près du héros, et visuellement plus rigoureux que les versions précédentes.
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