Petit drop.
Les films sur le métier de deejay et l’univers de la musique électronique en général sont tellement rares que - si on s'intéresse un peu ou beaucoup à ce milieu – on fonce découvrir ceux qui tentent l’expérience. Hormis le chiant « Eden », l’aseptisé et cliché « We are your friends » ou le petit « Frankie Muniz », rien à l’horizon si ce n’est des œuvres qui se déroulent peut-être dans ce contexte comme « Human Traffic » ou « Flagrant délire ». Il y a donc un boulevard surtout que cette scène devient de plus en plus populaire et de moins en moins underground.
À l’annonce de « Banger » et de son résumé avec Vincent Cassel en deejay sur le retour, on ne pouvait qu’être excité. Peut-être que le film générationnel sur le genre allait enfin arriver. Sauf que, loin d’être mauvais ou raté, le produit fini de l’inconnu dans le monde du cinéma So Me n’est pas du tout ce que l’on attendait. Pour le long-métrage sérieux, passionnant, documenté et totalement réaliste sur le métier de deejay et cet univers, il faudra repasser. C’est comme si personne n'était capable d’écrire un tel (et bon) scénario sur la génération clubbing sous forme de chronique entre rires et larmes ainsi qu’une véritable plongée dans ce milieu interlope. « Banger » n’est jamais cela mais il ne prétend pas non plus l’être.
En revanche, si l’on cherche un film un peu barré en mode comédie d’espionnage presque parodique « Banger » est plutôt pas mal. On dit presque car il reste tout de même un peu réaliste dans son déroulement et sa vision du milieu mais il ne lésine pas sur quelques délires, clichés et passages caricaturaux. Des moments probablement volontaires destinés à moquer gentiment ce microcosme parfois fantasmé et qui vire de plus en plus au show-business. C’est comme si on mettait le Gaspard Noé de « Climax », qu’on le sucrer à haute dose et qu’on le trempait dans l’humour de la bande à Fifi avec un petit côté documentaire. Le mélange est improbable mais fonctionne assez bien.
« Banger » se révèle souvent drôle à défaut d’être à mourir de rire, le rythme est échevelé et ne laisse pas le temps de s’ennuyer et on se délecte de quelques piques envoyées à ce milieu qui devient de plus en plus corrompu à sa manière. Et, alléluia, la bande originale composée par 2 Many DJ’s est vraiment bonne, lorgnant plus vers le pointu et l’underground que la soupe EDM tandis que la mise en images proche du clip est parfaitement adaptée. So Me n’exagère pas sur les délires qui auraient pu faire sombrer le film dans le mauvais clip tapageur mais soigne ses images.
Enfin, Vincent Cassel est complètement et génialement déchaîné. Il prouve que lorsqu’on lui laisse l’espace pour s’exprimer, il peut être un acteur de comédie excellent voire incroyable. Il ose tout, se laisse aller dans le second degré et l’ironie avec un plaisir communicatif. Le reste de la distribution est au diapason entre guests stars de luxe (Manu Payet, Panayotis Pasko, ...), une Laura Felpin tout aussi en forme et des seconds rôles qui s’en donnent à cœur joie comme dans le contre-emploi comme Alexis Manenti ou Nicolas Maury pour un casting en folie. Si ce n’est quelques lourdeurs, voilà donc un divertissement amusant, léger et bien foutu à défaut d’être celui attendu.
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