Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois de Michel Fessler n'est pas le genre de film familial auquel nous sommes habitués. À l'image d'une histoire racontée à un enfant avant d'aller au lit, le film nous plonge dans un conte simple, où la beauté de la nature s'avère plus importante que la force du récit. Le long métrage est inspiré du roman jeunesse autrichien éponyme de Felix Salten, datant de 1923, aussi derrière le classique de Disney du même nom. Il y avait dans le film d'animation de 1942, un peu plus de chair autour de l'os que dans cette oeuvre en prise de vue réelle, qui, essentiellement, présente des animaux dans leur habitat naturel. La narration arrive à créer un certain climat fantaisiste, mais il faut savoir se laisser porter par la poésie nonchalante de la forêt pour apprécier le long métrage.
L'histoire de ce Bambi moderne est essentiellement celle que nous connaissons. Un faon découvre les secrets de la forêt, entouré de sa mère et des autres animaux, dont ses amis le corbeau, le lapin et le raton laveur. Chaque jour, sa mère l'éduque pour qu'il puisse grandir avec force. Mais l'automne arrivé, des chasseurs le séparent tragiquement de sa génitrice à tout jamais. Dès lors, le jeune cerf doit apprendre à vivre seul.
Bien que le cinéphile a peu de choses pour se raccrocher au récit, il vit tout de même une multitude d'émotions, à commencer par la peur de s'imaginer le petit lapin (dont il est impossible de ne pas s'amouracher) se faire capturer par un aigle, ou la peine de voir le corbeau être blessé par un piège du chasseur. Mais, la mort de la mère du petit Bambi n'est pas aussi déchirante que dans la version de Disney. C'est là, d'ailleurs, une décision heureuse puisque les hurlements et les pleurs du petit faon en avaient, jadis, troublé plus d'un.
Les images somptueuses captées dans la forêt d'Orléans, en France, et la musique symphonique du compositeur Laurent Perez del Mar (La Tortue rouge) arrivent presque à nous hypnotiser. Malheureusement, la voix énigmatique de Mylène Farmer vient trop souvent briser l'enchantement. Difficile de trouver la juste balance entre narration et contemplation... Autant il manque de structure, de contexte, autant l'exposé devient lassant.
Les enfants adeptes de documentaires animaliers sauront, tout de même, y trouver leur compte puisque chaque plan est d'une saisissante beauté. La faune et la flore sont riches et diversifiées dans l'oeil de Michel Fissler, coauteur du succès de 2005, La marche de l'empereur. Même pour un adulte, il s'avère assez fascinant de constater l'évolution et la transformation de la nature au fil des saisons. Il est aussi question dans ce film de l'apport néfaste de l'humain sur l'écosystème, mais ce n'est pas là le principal intérêt du réalisateur, qui a visiblement voulu s'accrocher au positif, à la beauté, à la pureté, plutôt qu'à la vilenie des Hommes. Finalement, ce Bambi est joli, noble et sans prétention, mais ne marquera pas le cinéma.