Il y a définitivement un bon film de piscine hantée qui se cache sous la surface de ce Night Swim du réalisateur Bryce McGuire.
Bon, l'écrire de cette façon peut certainement sonner un peu idiot. Mais le pire qui peut toujours arriver avec une telle prémisse, c'est que les personnes aux commandes décident d'aborder celle-ci avec beaucoup trop de sérieux.
Et c'est malheureusement ce qui s'est produit ici.
Le récit d'un bon père de famille et ancien joueur de baseball professionnel souffrant d'importants problèmes de santé signant malgré lui un pacte avec le diable était déjà un excellent point de départ.
Pour Ray Waller (Wyatt Russell), une telle offre se matérialise lorsque la piscine creusée de la maison que lui et sa famille désirent acheter lui fait miroiter l'idée qu'il pourrait potentiellement recouvrer sa santé de fer, et renouer avec le gazon bien vert des ligues majeures.
Évidemment, tandis que Ray prend du mieux et ne voit que les côtés positifs des événements se produisant autour de lui, ses proches en subissent peu à peu les conséquences. Chaque fois qu'ils mettent le pied dans l'eau, ces derniers sont affligés par des visions d'esprits malveillants qui semblent hanter l'écumoire et le drain de fond.
La mécanique du scénario signé McGuire et Rod Blackhurst (tous deux à l'origine du court métrage ayant servi de base au présent exercice) devient parfaitement limpide après les quinze premières minutes du film. Mais plutôt que de miser sur cette clarté pour développer de meilleurs enjeux dramatiques et/ou simplement s'amuser un tant soit peu avec cette idée un peu saugrenue, le duo se contente de suivre mollement une formule de plus en plus éculée, et de moins en moins satisfaisante.
Étrangement, les deux scénaristes consacrent énormément de temps au développement de la trame dramatique de leur récit, tout en saupoudrant quelques frayeurs ici et là pour rappeler à tout le monde la réelle teneur de leur proposition.
Il n'y a aucun juste milieu. Et l'ensemble est tellement aseptisé et prévisible que Night Swim finit par faire fi - volontairement ou non - de ses meilleurs éléments horrifiques et dramatiques.
Nous avons dès lors l'impression de nous retrouver devant un mauvais épisode de The Twilight Zone s'entêtant à faire le moins de remous possible, et à ne prendre aucun risque.
Il y avait pourtant quelque chose de fort intéressant à tirer du dilemme d'un père retrouvant enfin la force de prendre soin des siens et la capacité de faire ce qu'il sait faire de mieux, mais devant en contrepartie prendre conscience du prix à payer pour que puisse se réaliser une telle renaissance.
Le tout cumule vers une finale tout aussi peu concluante, ne parvenant pas à déployer la charge émotionnelle désirée justement car elle se rattache davantage aux ficelles du récit plutôt qu'à une fatalité qui aurait dû découler des choix (plus conscients) du patriarche.
Blumhouse et Atomic Monster étaient parvenus à sortir un lapin de leur chapeau l'an dernier avec M3GAN, qui avait été l'un des rares suspenses proposés en tout début d'année à connaître un bon succès au box-office, et à convaincre la majorité des critiques et des cinéphiles.
L'histoire ne risque pas de se répéter cette année avec ce film d'épouvante qui tourne en rond, et n'offre au final qu'une poignée d'images réellement saisissantes, qui ne camoufflent aucunement le manque flagrant d'inspiration et de créativité de l'ensemble.
Bref, nous sommes à des milles de la folie décadente et des excès dégoulinants qui auraient pu facilement propulser une telle curiosité vers des sommets cultes dans les années 1980.