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Des gens droits de façade.
Voici une œuvre à la conception hybride puisqu’elle était à la base destinée à être uniquement diffusée en tant que téléfilm de luxe HBO mais qui a eu tout de même droit à une sortie dans quelques salles indépendantes aux Etats-Unis et dans les salles de certains rares pays. Un peu comme, par exemple, « Reality » qui était sorti en France l’été passé alors qu’à la base ce fut également une production télévisée pour HBO. Preuve encore de la limite de plus en plus fine entre petit et grand écran. « Bad Education » est difficile à mettre dans une case ou un genre mais il est dans tous les cas très intéressant, captivant et surprenant. Il nous narre un véritable fait divers ayant eu lieu à Long Island dans les milieux de l’éducation de cette région très riche et balnéaire de l’État de New York où des pontes ont usée de délit d’initiés pour détourner de grosses sommes de fonds publics.
Le film commence comme une chronique de la vie scolaire où l’on rencontre un directeur d’école très en vue et son assistante qui sont parvenus à mener leur établissement très haut dans le classement des meilleures écoles de l’État. Hugh Jackman et Alison Janney forment un très beau duo d’acteurs dans ces rôles de personnes en vue et prestigieuses qui font la fierté leurs concitoyens mais qui cache des pratiques peu honnêtes et amorales. Puis, un point de bascule s’opère très vite devant ce beau tableau de succès à l’américaine. Au travers d’un double concours de circonstances (inventé ou pas pour le film, on ne le saura pas vraiment), le vernis de ce portait idyllique de l’éducation de la haute société américaine va se fissurer pour notre plus grand plaisir. On y voit donc une apprentie journaliste au canard de l’école, curieuse et maline, mettre le doigt sur la comptabilité de son institution ainsi qu’un employé de magasin de bricolage passer un coup de fil qui va malencontreusement faire effet domino et mettre à jour ces pratiques peu recommandables de vol d’argent public aux contribuables de l’école. Petit à petit, et avec autant de délectation que d’étonnement, on va découvrir comment leurs deux personnages se sont éhontément servi dans les caisses de l’école à des fins privées.
Avec « Bad Education », on est dans le genre de film avec lequel on se demande bien comment une arnaque de la sorte a-t-elle pu se concrétiser autant d’années au nez et à la barbe de tout le monde. C’est jubilatoire tout en étant quelque peu poil à gratter et plus le film avance, plus l’ampleur des fonds détournés et de l’utilisation de cet argent nous apparaît incroyable. Pas vraiment drôle, ni totalement tragique non plus, le long-métrage épouse une tonalité pince-sans-rire pour croquer ces deux dignitaires et leurs méfaits. Mais on peint aussi un personnage complètement narcissique dont la réalité s’est altérée avec le temps, considérant cet argent accaparé comme normal et dû. Un protagoniste ayant réellement existé que Hugh Jackman incarne avec un aplomb sans faille et beaucoup de nuances et dont la vie privée recèle bien d’autres surprises parfaitement révélées dans un crescendo de révélations bien négocié. Dommage que la forme soit autant en accord avec le téléfilm qu’il doit être et manque de personnalité car voici une œuvre vraiment réussie au sujet dont le poison s’insinue longtemps après l’avoir vu.
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